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L’ECM ou Equity Capital Markets

23 février 2020 6 Comments

Les introductions en Bourse de Facebook et de Saudi Aramaco vous ont fait rêver ? Le M&A vous intéresse mais vous préférez être plus proche des marchés ? Vous devriez jeter un coup d’œil à l’ECM, ou Equity Capital Markets. Excellente lecture !

Bonjour et merci d’avoir accepté l’interview ! Quel est ton parcours ?

Après une classe préparatoire ECS, j’ai intégré une école de commerce parisienne. Je me suis ensuite spécialisée en finance d’entreprise. Durant ma césure, j’ai effectué un stage en M&A puis un stage en ECM, les deux dans des grandes banques américaines. On m’a ensuite fait une offre durant mon stage en ECM, que j’ai acceptée. Cela fait maintenant deux ans que je suis analyste en Equity Capital Markets.

Présentation de l’Equity Capital Markets

Qu’est-ce que le métier en ECM, ou Equity Capital Markets ?

C’est avant tout un métier de financement. Nous mettons en relation des investisseurs, notamment des investisseurs institutionnels tels que les gestionnaires d’actifs, et les entreprises qui cherchent à lever des fonds. Nous proposons donc des produits de financement, au même titre que le Debt Capital Markets (DCM) ou le Leveraged Finance. A l’inverse de ces deux métiers, nous proposons des produits liés à l’equity, comme les IPO (Initial Public Offering, ou introduction en Bourse), les blocks et les produits dérivés.

L’équipe ECM joue également le rôle d’intermédiaire entre les différentes équipes IBD (Investment Banking Division, qui regroupent les différentes équipes sectorielles) et Sales & Trading.

Travailler en ECM

Quels sont les profils recrutés ? Quelles expériences sont valorisées ?

Il n’y a pas vraiment de profils types. On peut toutefois classer les profils en deux catégories : ceux qui ont des expériences en banque et ceux qui ont fait des stages dans des entreprises classiques.

Dans la première catégorie, on retrouve beaucoup d’étudiants avec des expériences en M&A. On rencontre également des personnes étant passées par les équipes de Sales & Trading. Beaucoup d’étudiants avaient également des expériences dans de grandes entreprises, aussi bien à la trésorerie que dans le département de financement ou la direction financière.

Comment préparer au mieux les entretiens ? Quelles sont les notions à connaître ?

Le premier point qui me vient à l’esprit est la compréhension du marché. Par exemple, il faut comprendre l’impact de la politique de la banque central européenne sur les marchés actions mais aussi l’impact des tensions géopolitiques et de tous les événements macros comme les élections aux États Unis.

Il faut également avoir une bonne connaissance des produits proposés, à savoir l’IPO, les blocks et les dérivés, que j’expliquerai plus tard. L’étudiant doit aussi comprendre les raisons d’un financement par action ainsi que ses avantages et inconvénients par rapport au financement par dette.

Il faut bien sûr être à l’aise avec les concepts financiers et les relations entre compte de résultat, bilan et flux de trésorerie. C’est la base vue que c’est un métier de finance d’entreprise. Il n’y a toutefois pas de question de valorisation ou de calcul de WACC, comme en M&A.

A quoi ressemble le quotidien d’un stagiaire ou d’un analyste ?

Il y a une variété de tâches au quotidien qui rendent ce métier très riche. En tant que stagiaire, on gère beaucoup de sujets en même temps. Il y a beaucoup d’analyses du marché environnant. On va, par exemple, décrypter l’impact du coronavirus.

Il y a également beaucoup de modélisation et de pricing de produits, notamment les produits Equity-linked. Le stagiaire devra prendre en compte des donnés du marché afin de modéliser le prix de certains produits, prix qui doit être à la fois attractif pour les investisseurs et pour le client émetteur.

Ces données sont récupérées généralement via Bloomberg, que nous utilisons au quotidien. Je ne pense pas toutefois qu’il soit utile ou nécessaire de le maîtriser avant le stage. Je n’étais moi-même pas familière avec le terminal Bloomberg. Cela s’apprend sur le tas.

Comme en M&A, il y a également des présentations commerciales à destination des clients. Même pour les pitchs, nous travaillons beaucoup avec les équipes M&A. Pour une présentation à destination d’une opération d’acquisition, on va par exemple leur dire qu’il faut lever plusieurs millions d’euros afin de garder leur notation actuelle. On leur propose ensuite plusieurs structures qui seront plus adaptées à leurs besoins.

Même en tant qu’analyste, nous sommes régulièrement amenés à voir le client. C’est moins courant en stage, même s’il arrive d’avoir des stagiaires en réunion avec le client.

A quoi peut-on s’attendre en termes d’horaires ?

En général, la journée commence plus tôt qu’en M&A, aux alentours de 8h30 – 9h. La journée se finit vers 21h30 en moyenne. Ça reste un métier très prenant.

A quoi peut on prétendre comme salaire d’embauche à la sortie de l’école ?

En première année à Londres et dans ma banque, les salaires sont similaires à ceux en M&A.

L’univers de l’Equity Capital Markets

Les équipes d’ECM sont-elles sectorisées ?

Les banques ne sectorisent pas les équipes Equity Capital Markets. On peut donc très bien travailler pour un client dans le secteur des télécommunications que pour une entreprise pétrolière. Les équipes opèrent toutefois par géographie : chaque région s’occupe donc de ces clients qu’importe le secteur.

La raison est simple. Nous fournissons une connaissance des produits ECM, et non une expertise sectorielle, à l’instar des équipes M&A (Oil&Gas, Healthcare, TMT…). Nos produits sont les mêmes, que ce soit pour un client dans le secteur de l’immobilier ou de la santé. C’est le même raisonnement pour les équipes DCM et Leveraged Finance.

Quels produits proposez-vous ?

Nous proposons des produits liés à l’equity comme les IPOs, les augmentations de capital, les blocks et les produits dérivés.

Les produits Equity-Linked sont des produits dérivés, par opposition aux produits vanilles, comme les actions simples. Les produits Equity-Linked sont des instruments de dettes convertibles en action. Il est à la frontière entre le DCM et l’ECM.

Plus précisément, c’est un produit de dette qui a une call option. Quand on émet cette obligation (bond en anglais), elle vient avec un strike price, calculé par rapport au cours actuel. On dit ensuite que si le cours de l’action atteint ce prix à la maturité de l’obligation, les détenteurs de l’option convertible pourront soit décider d’être remboursé, comme une obligation normale, soit de convertir en action l’instrument. Ils auront ainsi une participation au capital de l’entreprise.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur le process d’une IPO ?

Le Request For Proposal

La première étape est le RFP, ou Request For Proposal. Ce document est envoyé par la société qui désire être introduite en Bourse à un nombre assez conséquent de banques. Ces banques vont proposer différentes structurations, à la fois en termes de syndicats proposés (le nombre de banques qui vont aider durant l’IPO), de valorisation, de chronologie … Le client va ensuite décider de mandater trois ou quatre banques par exemple. Ces banques vont l’aider à préparer en amont l’IPO.

Le roadshow

Il faut savoir que par rapport aux autres produits que l’équipe Equity Capital Markets propose (blocks, dérivés), l’IPO prend plus de temps. On peut compter entre six mois et un an de préparation pour réfléchir par exemple à la valorisation avec les équipes M&A ou au timing de l’introduction, également important. La plupart des personnes pensent qu’une IPO est entièrement gérée par les équipes Equity Capital Markets ; ce n’est pas le cas. Nous travaillons main dans la main avec les équipes M&A qui vont nous apporter leur expertise sectorielle.

Une fois la préparation finie, nous entrons dans l’étape du road show. Nous nous entretenons avec des investisseurs pour prendre la température du marché. Ces investisseurs ont été sélectionnés par les équipes ECM. Nous rencontrons d’abord une base limitée d’investisseurs afin de définir une fourchette assez large de prix, et donc de valorisation de l’entreprise. On va ensuite réduire cette fourchette de prix en discutant avec le client et les analystes Equity Research. On retourne vers un nombre d’investisseurs plus conséquent. A la fin de toutes ces étapes, la fourchette de prix se retrouve bien plus restreinte. On passe par exemple d’un prix de l’action entre 12 € et 18 € à 14 € et 16 €.

Le prix final

Il faut savoir qu’une IPO ne se lance pas sur un prix unique mais sur une fourchette de prix. Au cours de la première journée de lancement, le livre d’ordre va se remplir et c’est à ce moment-là, et selon les demandes, que le prix de l’action est fixé. Le prix optimal n’est pas forcément le plus élevé. Mieux vaut garder un prix un peu plus conservateur qu’un prix élevé qui va ensuite perdre 20% ou 30% quelques jours après. Inversement, si le prix de l’action augmente fortement le lendemain de l’IPO, cela veut dire qu’on a mal valorisé l’entreprise et qu’on a laissé de l’argent sur la table.

Comment se rémunère une équipe d’Equity Capital Markets ?

L’équipe ECM se rémunère via une commission basée sur les montants levés, que ce soit pour les IPO ou les augmentations de capital. Les banques peuvent également se rémunérer via une underwritting fee.

Dans beaucoup d’opérations, on va faire intervenir le bilan de la banque. Si, par exemple, Total veut lever cinq cents millions d’euros, les banques peuvent underwritter le montant. Si Total n’arrive qu’à lever quatre cents millions, la différence restera sur le bilan des banques. C’est une sorte de garantie pour Total. Le risque que prennent les banques est donc rémunéré par cette commission. L’idée est de revendre ensuite ce qu’elles gardent sur le bilan.

Quels ont été les grandes IPO en 2019 ? Et celles à venir ?

Retour sur 2019

En 2019, environ vingt milliards d’euros ont été levés au travers d’introduction en Bourse en Europe, dont le pays principal est le Royaume-Uni. Ces volumes sont en baisse de pratiquement 40% par rapport à 2018. J’exclus volontairement l’IPO de Saudi Aramco, la plus grosse de l’histoire (environ vingt-neuf milliards de dollars levés) et qui biaise forcément les chiffres.

Nous avons assisté en 2019 à une belle reprise des introductions en Bourse en France, avec notamment Verallia et la Française des Jeux. Les années 2018 et 2017 avaient été assez pauvres en IPO dans l’Hexagone. Avec la Française des Jeux, nous avons eu également un retour des introductions en Bourse ouvertes au grand public. Ce n’est pas tout le temps le cas car ils visent plus les investisseurs institutionnels.

Secteur des technologies et IPO à venir

Il faut savoir qu’il y a un énorme biais sur les entreprises technologiques. Les plus grandes IPO en Europe étaient des entreprises de ce secteur. On peut par exemple citer Nexi, entreprise italienne de services de paiement, détenue entre autres par les fonds Bain Capital et Advent International, qui ont levé plus de deux milliards de dollars, ou encore TeamViewer, entreprise allemande de logiciel détenue par Permira, valorisée à environ cinq milliards d’euros.

On n’observe toutefois pas de bulles, c’est-à-dire des montants levés lors de l’IPO déconnectés de la valeur de l’entreprise. Il n’y a pas eu de retournement à la suite de l’introduction en Bourse, comme ce qui est arrivé à Snapchat, dont le cours n’avait par la suite jamais atteint son niveau initial.

Pour 2020, nous attendons en France l’introduction en Bourse de la partie africaine de Orange, qui va donc être séparée du reste de l’entreprise. Il me semble que c’est la seule IPO annoncée pour le marché français. Aux Etats-Unis, on attend énormément celle d’Airbnb. Elle va être suivie de très près par tous les acteurs.

L’après ECM

Quels sont les débouchés en ECM ?

En interne, les gens peuvent partir en M&A, un peu moins en Sales & Trading. En externe, les gens partent dans des fonds de Private Equity ou de Venture Capital. Les banquiers ECM peuvent également partir dans les directions financières de grands groupes ou en trésorerie.

Qu’aimes-tu dans ton métier ?

On ne s’ennuie clairement jamais. On couvre de nombreux clients et j’ai une bonne visibilité de l’économie française. Les deals peuvent être assez rapides, c’est nerveux. Cela permet d’être exposé à plein de situations et de produits différents. C’est également stimulant d’un point de vue intellectuel. Cela me fait penser à mes années en classe préparatoire. Nous devons nous creuser la tête pour proposer des solutions qui répondent parfaitement aux besoins des clients. Les deals peuvent être assez rapides et il faut aimer l’adrénaline.

6 Comments

  • […] Après l’ECM et l’equity, direction le monde de la dette avec le DCM, ou Debt Capital Markets ! Excellente lecture. […]

  • […] avait un bachelor de l’université de Mannheim et un master de la London Business School. En ECM, il y avait un autre suisse de l’université de St. […]

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