Le Petit Analyste est parti aujourd’hui de l’autre côté de l’Atlantique pour interview un étudiant du Master Real Estate de la New York University, ou NYU. Excellente lecture !
Salut et merci d’avoir accepté l’interview ! Quel est ton parcours ?
Après un baccalauréat économique et social, j’ai intégré le Bachelor in Business Administration de l’IE Business School à Madrid. C’était une superbe expérience. La campus est génial et la majorité des étudiants de ma promotion ont obtenu un premier emploi dans une grande institution financière ou continuer leurs études dans une formation reconnue mondialement. Pendant le BBA, j’ai eu l’opportunité de réaliser un stage de six mois dans le pôle immobilier d’AXA IM, un des plus grands gestionnaires d’actifs immobiliers en Europe. L’expérience s’est très bien passée même si le télétravail – COVID oblige – n’a pas été facile à appréhender. A la fin de la formation, j’ai effectué un stage chez BNP Paribas, dans la gestion de leurs différents fonds immobiliers.
J’ai souhaité ensuite poursuivre mes études en me spécialisant dans l’immobilier. J’avais repéré deux formations au Royaume-Uni, à la London School of Economics et à l’université de Cambridge, ainsi que quatre autres aux Etats-Unis, dans les universités d’Harvard, Columbia, Cornell et New York University (NYU). J’étais plus attiré par les Etats-Unis, et plus particulièrement New York. Mon choix devait donc se faire entre l’université de Columbia et NYU. La première était plus orientée vers le développement immobilier alors que la seconde était axée sur la finance. C’est donc naturellement que j’ai rejoint le MS in Real Estate de l’université de New York.
La candidature au Master Real Estate de la New York University
De quoi est constitué le dossier de candidature ?
Les dossiers de candidature sont similaires à ceux que l’on retrouve pour les formations en France. Il faut fournir un CV, une lettre de motivation ainsi que deux lettres de recommandation. Ils proposent également de passer un entretien virtuel comme ceux que proposent les banques pour les Summer Internships.
Je vous conseille d’exposer votre projet dans la lettre de motivation et de montrer que vous avez une idée claire de ce que vous souhaitez faire. N’hésitez pas non plus à mentionner votre connaissance des évènements proposées par le master et des figures marquantes du master. Vous pouvez citer le nom d’un des fondateur du Schack Institute of Real Estate, Larry Silverstein, également fondateur de Silverstein Properties, propriétaire des anciennes tours du World Trade Center.
Comment se déroule l’entretien d’admission ?
Il peut avoir un entretien d’admission selon votre profil. Ce n’est toutefois pas obligatoire.
La promotion du Master Real Estate de la New York University
Quid du profil des étudiants de la promotion ?
Il est possible de commencer la formation en janvier ou en septembre. A chaque période, entre soixante et soixante-dix étudiants rejoignent le programme. Un petit nombre sorte d’une licence ou l’équivalent local. Les raisons pour rejoindre la formation sont multiples. Certains travaillent déjà et souhaitent se réorienter quand d’autres sont déjà dans l’immobilier et veulent donner un nouvel élan à leur carrière. La diversité des profils et des parcours est une opportunité incroyable en termes de réseau professionnel.
La majorité des étudiants sont américains et l’on compte de nombreux chinois et indiens. Il y a une petite minorité d’européens. En termes d’âge, les étudiants ont entre vingt et quarante ans environ.
Vers quels métiers s’orientent généralement les étudiants du Master Real Estate de la New York University ?
Les étudiants attirés se dirigent principalement vers trois filières : la promotion immobilière, l’acquisition d’actifs, et la gestion d’actifs (Asset Management).
Le promoteur immobilier identifie et développe des terrains pour créer des projets résidentiels ou commerciaux, mêlant vision stratégique et compétences financières pour transformer des idées en espaces rentables.
Les équipes chargées de l’acquisition d’actifs trouvent leur place soit au sein d’entreprises d’Asset Management, telles que Prudential ou AXA IM, soit dans des fonds de Private Equity comme Blackstone ou KKR.
Une fois l’actif acquis, place à sa gestion. C’est là qu’intervient l’Asset Management immobilier, un domaine qui englobe des activités telles que la rénovation ou la reconversion de propriétés, dans le but ultime d’en maximiser la valeur.
Une dernière filière possible, plus rare, est les REIT, ou Real Estate Investment Trust, des entités cotées investissant dans l’immobilier. On peut travailler au sein d’un REIT dans les équipes d’acquisition ou d’asset management. On peut également travailler dans l’écosystème financier des REIT : en tant que trader chez des hedge funds spécialisés ou en Equity Research par exemple.
Quels sont les principaux événements organisés au cours de l’année ?
Les événements organisés par l’université sont des opportunités incroyables pour créer son réseau. Toutes les grandes entreprises mondiales sont implantées à New York, facilitant ainsi l’organisation de conférences avec des professionnels de renom. Il y a quatre ou cinq événements organisés régulièrement chaque année, comme le Capital Market Conference ou le REIT Symposium, durant lequel Jonathan Gray, président de Blackstone, nous fait l’honneur de sa présence cette année. De manière générale, toutes les grandes institutions financières sont présentes à chaque événement.
L’administration organise également chaque semaine des déjeuners entre huit étudiants et un PDG d’une grande entreprise du secteur immobilier. Les étudiants sont libres de poser les questions qu’ils souhaitent pendant le repas. Il arrive même d’avoir un créneau de trente minutes avant le déjeuner pour s’entretenir en tête à tête avec l’invité de la semaine.
L’argent levé grâce aux conférences a permis de lancer notre fonds d’investissement cette année. Il est doté de quelques centaines de milliers de dollars et entièrement géré par des étudiants. On investit dans des sociétés américaines cotées, dans le secteur immobilier (en grande partie dans des REIT). Les bénéfices que nous générons sont utilisés pour payer les bourses étudiantes. Nous sommes une trentaine à participer à la vie du fonds. Il y a des économistes et des analystes par secteur (résidentiel, hôtellerie …) émettant des recommandations d’investissement. Cette initiative géniale fait vraiment la différence, et permet aux étudiants y participant de découvrir le métier d’investisseur de la manière la plus directe possible.
Comment décrirais-tu le réseau des anciens du Master ?
Il y a des alumni dans toutes les grandes entreprises du secteur. C’est un réseau puissant et solide. L’un des alumni les plus connus est Scott Rechler, fondateur de RXR Realty et un des grands noms de l’immobilier new-yorkais. Il y a aussi David Hirsh, un ancien Managing Director de Blackstone, qui a lancé le Hirsh Fellow Program, offrant chaque année à une dizaine d’étudiants une bourse couvrant la totalité des frais de scolarité.
Comment trouves-tu l’ambiance au sein de la promotion ?
L’ambiance est différente de celle que l’on retrouve en école de commerce en France. C’est un environnement professionnel, les étudiants sont là pour travailler et certains ont déjà une vie de famille. Il ne faut pas postuler à cette formation en espérant retrouver un environnement similaire aux écoles françaises.
Les cours du Master Real Estate de la New York University
Comment sont organisés les cours ?
L’année est découpée en semestres. Tu choisis ta spécialisation en début d’année. Chaque spécialisation impliqué une liste de cours obligatoires à suivre, complétés par des cours électifs à piocher dans une liste bien fournie. Chaque cours est proposé à différents horaires ce qui permet de t’organiser facilement. J’ai par exemple mis tous mes cours le mercredi. Il est également possible de suivre les cours du MBA. Tu peux ainsi côtoyer des étudiants qui ont en général de très beaux postes dans des grands fonds de Private Equity ou des banques d’affaires de premier plan.
Il est possible de suivre entre trois et cinq cours par semestre et en été. Tu as entre un et quatre ans pour finir la formation. Les cours sont assez peu théoriques. Les examens et les travaux de groupes sont très concrets. Il faut par exemple monter un projet d’investissement immobilier de A à Z : trouver un actif, estimer un prix d’achat, trouver un prêteur pour un financement ou rédiger la documentation juridique.
Un mot sur les enseignants ?
Certains enseignants travaillent dans l’immobilier et donnent des cours en parallèle. D’autres travaillaient dans le secteur et se sont reconvertis dans l’enseignement. Ils sont plutôt bienveillants et n’hésite pas à partager leur carnet d’adresses si besoin.
Comment trouves-tu le rythme des cours ?
Tout dépend du nombre de cours que tu as pris et si tu travailles à côté. Un cours dure trois heures et il nécessite environ trois heures de travail, voire plus en cas d’examen. Les semaines peuvent donc être chargées si tu prends cinq cours en ayant un travail en parallèle. A l’inverse, le rythme est beaucoup moins intense si tu ne prends que trois cours sans emploi à côté.
Le plus important est de participer aux événements et de créer son réseau. Il faut sortir de sa zone de confort et rencontrer les professionnels. C’est d’ailleurs beaucoup plus simple aux Etats-Unis qu’en France. Il est par exemple courant d’envoyer un message sur LinkedIn pour proposer de prendre un café.
La vie à New York et le mot de la fin
Comment trouves-tu la vie à New York ?
Les principaux bâtiments de NYU et quelques dortoirs se situent à Washington Square. Le campus est réparti dans toute la ville, principalement à Manhattan. Il est donc possible d’avoir des cours dans des endroits différents.
La vie est bien sûr très chère, que ce soit les sorties, les logements ou l’éducation. Prendre un verre en ville deux ou trois fois par semaine peut rapidement peser sur votre budget. Il faut donc être financièrement à l’aise si vous voulez étudier à New York sans travailler à côté.
Le logement reste bien sûr le premier poste de dépenses. Pour vous donner un exemple, le loyer monte à environ quatre mille dollars par mois si vous souhaitez habiter seul. Comptez environ deux mille dollars par mois en colocation, voire mille-cinq-cents si vous souhaitez vivre dans un quartier plus éloigné.
Je recommande les quartiers de East Village, Lower East Side, Williamsburg et Greepoint. Les logements restent chers mais ces zones sont animées, bien desservies et proposent un bon rapport qualité prix. Je rajouterai également East Harlem et Hell’s Kitchen si vous souhaitez des appartements moins chers.
Malgré ces défauts, New York reste une ville incroyable. L’ambiance est géniale et le rapport au travail est différent de l’Europe. On a l’impression que tout est possible et que le rêve américain est à portée de main.
Est-il facile de trouver du travail là-bas en tant que Français ?
Il n’est pas facile de rester aux Etats-Unis pour travailler. Le Master est une des solutions. Tu as entre un et trois ans de visa étudiant te permettant de travailler sur le territoire. Après cette période, il faut qu’une entreprise te sponsorise, ce qui peut lui revenir assez cher. De plus, le fait qu’elle te sponsorise n’implique pas l’obtention automatique d’un visa. Une des méthodes les plus simples est donc de travailler pour une entreprise française, comme LVMH ou BNP Paribas, en VIE par exemple. Inutile de viser un stage en finance aux Etats-Unis en venant de France : la concurrence est rude et vous serez désavantagé à cause des problèmes de visa.
Le mot de la fin : recommandes-tu la formation ?
C’est une expérience exceptionnelle, vous permettant de rencontrer des gens incroyables et de participer à des événements réunissant les plus grandes institutions financières et dirigeants de la planète. La ville et la formation restent toutefois chers et les procédures administratives peuvent être pénibles. Il faut donc être sûr de son choix.
Merci à toi !
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