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Private Equity

Après l’Infrastructure Private Equity, le Real Estate Private Equity, le co-investissement et le Growth Equity, il était naturel de parler du Private Equity. Excellente lecture !

Bonjour et merci d’avoir accepté l’interview ! Quel est ton parcours ?

Mon parcours est assez classique. Après deux années de classe préparatoire, j’ai intégré une école de commerce et me suis naturellement spécialisé en finance d’entreprise. Mon école n’était pas parmi les cibles des recruteurs en banque d’affaires ou en Private Equity. J’ai donc dû optimiser chaque expérience pour atteindre mon objectif. Après des stages en banque d’investissement et en Private Equity, j’ai rejoint une équipe de Transaction Services dans un Big Four avant d’intégrer mon fonds actuel en tant qu’Associate.

Présentation du Private Equity

Qu’est-ce que le Private Equity ?

Accompagnement de l’entreprise et revente

Le Private Equity est une activité d’investissement dans des entreprises non cotées en bourse. Le fonds de Private Equity devient actionnaire des sociétés dans lesquelles il investit et va les aider à se développer en les accompagnant dans leurs phases de croissance.

Le fonds de Private Equity va ensuite chercher à revendre ses parts de l’entreprise au bout de cinq à sept ans environ, en réalisant une plus-value.

Un rôle d’intermédiaire

Les fonds jouent un rôle d’intermédiaires entre les entreprises en quête de capitaux et les investisseurs, qu’ils soient institutionnels ou privés (Limited Partners), ces derniers recherchant des rendements souvent supérieurs à ceux des placements traditionnels.

Quels sont les principaux acteurs à Paris ?

Une diversité d’acteurs

Le magazine Private Equity Magazine établit régulièrement un classement des principaux acteurs du secteur, en s’appuyant sur le volume des opérations réalisées et les montants investis. En Venture Capital, des fonds tels qu’Idinvest ou Partech figurent parmi les références. Dans le segment Small Cap, on retrouve des noms comme Entrepreneur Invest, Turennes Capital et BPI France, ce dernier étant actif sur plusieurs segments et ne se limitant pas aux petites capitalisations. En Mid Cap, des fonds tels qu’Eurazéo, LBO France ou Capza se distinguent, tandis que pour les opérations de Large Cap, des acteurs majeurs comme Naxicap et Ardian dominent le marché. Bien entendu, cette liste n’est pas exhaustive, tant l’écosystème français du Private Equity est riche et diversifié.

Choisir le bon fonds

Ne vous fiez pas uniquement aux classements en ligne lorsque vous recherchez votre premier emploi en Private Equity. Contrairement à l’entrée en classe préparatoire ou en école de commerce, intégrer un fonds d’investissement repose sur des critères plus personnels et stratégiques. Il est essentiel de bien cerner vos attentes et vos objectifs.

Réfléchissez à l’environnement de travail qui vous convient le mieux. Certains grands fonds fonctionnent de manière très structurée, à l’image des banques d’affaires, tandis que des structures plus modestes adoptent une approche plus entrepreneuriale. Le rythme de travail peut également varier considérablement d’un fonds à l’autre. De plus, la spécialisation sectorielle ou généraliste d’un fonds, ainsi que sa localisation, sont des éléments à ne pas négliger. Vous pourriez opter pour un fonds régional en province, viser un poste à Paris ou même envisager une expatriation à Londres pour évoluer sur des transactions d’envergure internationale.

Il n’existe pas de « bon » ou de « mauvais » choix : tout dépend de vos priorités. Certains privilégieront l’autonomie et la diversité des missions dans un petit fonds régional, tandis que d’autres viseront un grand fonds américain à Londres pour se confronter à des opérations de grande ampleur. Pour affiner votre décision, n’hésitez pas à solliciter des alumni de votre école ou des professionnels en poste, et à poser des questions pertinentes lors des entretiens. Une bonne préparation vous aidera à faire un choix éclairé et en adéquation avec vos ambitions.

Etes-vous sectorisés ? 

Géographies, tailles et types d’investissements

L’orientation géographique et la stratégie d’investissement d’un fonds de Private Equity varient considérablement selon sa taille et son positionnement.

Les fonds régionaux s’appuient généralement sur des Limited Partners locaux, qui peuvent inclure des acteurs publics ou parapublics. Leur champ d’action est souvent limité à une zone spécifique, favorisant ainsi un ancrage territorial fort. À l’inverse, certains fonds adoptent une envergure nationale, européenne, voire internationale, notamment lorsqu’ils disposent de bureaux dans plusieurs pays.

Au-delà de la localisation, la stratégie d’investissement joue également un rôle clé : un fonds peut privilégier des prises de participation minoritaires, visant un accompagnement stratégique sans contrôle total, ou au contraire opter pour des investissements majoritaires, lui permettant d’avoir un pouvoir décisionnel plus important au sein des entreprises ciblées. Ces paramètres influencent profondément la philosophie et le mode de fonctionnement de chaque fonds.

Sectorisation et ISR

Tandis que certains fonds de Private Equity adoptent une approche généraliste en investissant dans une large diversité de secteurs, d’autres choisissent une spécialisation sectorielle pour affiner leur stratégie et maximiser leur valeur ajoutée.

Depuis quelques années, une nouvelle tendance émerge avec l’essor des fonds d’impact, également appelés ISR (Investissement Socialement Responsable). Ces fonds se concentrent sur des domaines liés à l’écologie, l’environnement et la transition énergétique, répondant ainsi à une demande croissante d’investissements durables. Leur engagement va parfois jusqu’à exclure certains secteurs jugés incompatibles avec leur éthique, comme le tabac, l’alcool ou encore la pétrochimie.

Cette évolution traduit une prise de conscience des investisseurs, qui recherchent non seulement des rendements financiers, mais aussi un impact positif sur la société et l’environnement.

Intégrer le monde du Private Equity

Quelles expériences sont valorisées pour une première expérience en Private Equity ?

L’idéal, pour accéder au Private Equity, est d’avoir une première expérience qui offre une forte exposition aux transactions financières. Des postes en fusions-acquisitions (M&A), en financement structuré (Leveraged Finance) ou en Transaction Services constituent d’excellents tremplins.

Ces expériences permettent de se familiariser avec les rouages de l’analyse d’entreprise : modélisation financière, étude de marché, évaluation des performances historiques… Autant de compétences essentielles pour appréhender la complexité des investissements et convaincre un fonds de votre valeur ajoutée.

Comment préparer au mieux les entretiens ?

Il y a de nombreux éléments à maîtriser pour réussir en Private Equity. Les questions de fit, par exemple, prennent une importance particulière. Contrairement aux banques ou aux cabinets de conseil, où les équipes sont souvent plus grandes, les fonds d’investissement fonctionnent avec des effectifs plus réduits. Il est donc essentiel de bien s’intégrer, car chaque recrutement compte.

Au-delà de l’aspect relationnel, la compréhension du métier est cruciale. Il faut connaître les différentes étapes d’une transaction, les critères d’investissement, la modélisation et l’analyse financière, ainsi que les aspects juridiques et fiscaux. Ces sujets sont rarement approfondis en école de commerce, mais les fonds s’attendent à ce que les candidats les maîtrisent, surtout face à un volume important de candidatures.

Récemment, un PDG d’un cabinet de chasseurs de têtes spécialisé en Private Equity me confiait qu’ils contactaient environ cent cinquante personnes pour un premier échange, avant de ne retenir que quatre à cinq profils par poste. Cette forte sélectivité souligne l’importance d’une préparation rigoureuse et d’un positionnement clair dans son projet professionnel.

Est-il envisageable de rejoindre le monde du Private Equity directement après l’école ?

Un recrutement un peu plus souple qu’avant

Il me semble qu’il est désormais un peu plus facile d’intégrer un fonds de Private Equity directement après l’école qu’il y a quelques années. La meilleure stratégie consiste à effectuer son stage de fin d’études au sein d’un fonds et à s’y intégrer efficacement. J’ai déjà été témoin de situations où des stagiaires ont ensuite reçu une offre d’embauche. Cependant, la majorité des fonds continuent de privilégier le recrutement de candidats ayant quelques années d’expérience. Cela s’explique par les exigences élevées du métier et la diversité des compétences à maîtriser, telles que la modélisation financière, la structuration juridique, les notions comptables et l’analyse stratégique. Un passage par une banque ou un cabinet permet d’acquérir des bases solides.

Les levées de fonds

Les fonds de Private Equity lèvent régulièrement de nouveaux fonds, et c’est généralement à ce moment-là que l’on constate des recrutements. En effet, après la levée d’un nouveau fonds, les équipes d’investissement disposent d’importantes liquidités à investir, ce qui peut les amener à rechercher de nouvelles recrues.

On entend souvent que le Private Equity est un milieu élitiste, ne recrutant pratiquement que dans les meilleures écoles et parmi les meilleures banques. Qu’en penses-tu ?

Il est important de nuancer, car cela dépend énormément du type de fonds. Une bonne manière de comprendre le profil recherché par un fonds est d’examiner la composition de son équipe d’investissement, qui est généralement présentée sur leur site. Si vous constatez que la majorité des membres de l’équipe sont d’anciens élèves de Goldman Sachs, diplômés d’HEC ou de Polytechnique, il sera effectivement compliqué de les rejoindre si votre parcours diffère de ce modèle.

Cependant, cela ne s’applique pas à tous les fonds, loin s’en faut ! C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il ne faut pas se limiter aux plus grands. Certains fonds privilégient davantage les expériences professionnelles que le parcours académique, même si cela a bien sûr ses limites.

Comment conseilles-tu de s’y prendre pour rejoindre un fonds de Private Equity après quelques années d’expérience ? 

Vous disposez de plusieurs sites généralistes, tels qu’Efinancialcareers ou même LinkedIn. Je vous recommande également de suivre sur LinkedIn les cabinets de chasseurs de têtes. N’hésitez pas à consulter la presse spécialisée, comme CFnews, qui publie des offres d’emploi. Enfin, n’oubliez pas de solliciter votre réseau professionnel. J’ai d’ailleurs compilé les principales ressources pour trouver un poste en Private Equity dans un article complet à ce sujet : Comment trouver un emploi en Private Equity ?

Invest Prep

Compte tenu de la concurrence et du manque de préparation souvent observé dans les écoles de commerce, j’ai décidé de développer Invest Prep afin d’aider les étudiants. J’ai également mis en place une newsletter, envoyée trois fois par semaine, qui contient des mini-articles sur le secteur ainsi que des questions fréquemment rencontrées en entretien, accompagnées de leurs réponses. Pour les étudiants souhaitant un accompagnement plus approfondi, nous proposons une formation incluant des modèles financiers, des vidéos explicatives et des questions techniques.

A quelle fourchette de salaire peut-on prétendre en Private Equity à Paris ?

Opacité des rémunérations

Il est extrêmement difficile de donner une fourchette de salaires, car les rémunérations sont souvent opaques et varient considérablement d’un fonds à l’autre. Il est important de noter que le salaire se compose généralement d’une partie fixe, d’un bonus, similaire à celui des banques d’affaires, ainsi que de l’intéressement, de la participation, et du carried interest, qui intervient à un certain niveau de séniorité. Ce dernier élément est spécifique au Private Equity et peut représenter des montants significatifs.

Le carried interest

Le carried interest représente en réalité une participation à la surperformance du fonds. La majeure partie du capital d’un fonds de Private Equity provient des investisseurs institutionnels ou privés, appelés Limited Partners, tandis que le reste est apporté par l’équipe de gestion du fonds. Le carried interest sera distribué à l’équipe de gestion si le fonds dépasse un taux de rendement minimal, connu sous le nom de hurdle rate.

Prenons un exemple : un fonds de Private Equity a convenu avec ses Limited Partners de fixer un hurdle rate à 8 %. En dessous de ce taux de rendement, toute la plus-value sera allouée aux Limited Partners, et l’équipe de gestion ne recevra rien, perdant ainsi son investissement initial. En revanche, toute la plus-value dépassant ces 8 % sera répartie entre les Limited Partners et le fonds selon une règle de distribution prédéfinie. Ce mécanisme permet d’aligner les intérêts de l’équipe d’investissement avec ceux des Limited Partners.

Le quotidien

Quelles sont les étapes d’une transaction ?

L’analyse préliminaire

Nous étudions régulièrement de nouvelles opportunités d’investissement. Ainsi, nous procédons à une analyse exhaustive de la cible, en comprenant le marché et son positionnement, en observant l’évolution du paysage concurrentiel, ainsi qu’en réalisant une analyse des performances historiques. Nous échangeons également avec les dirigeants et les intermédiaires, tels que les banques d’affaires, au cours de sessions de questions-réponses. Une fois que nous avons obtenu les réponses à nos interrogations, nous modélisons un premier business plan et tentons d’en déduire une valorisation.

Letter of intent et comité d’investissement

Une fois que nous avons recueilli ces éléments, nous envoyons une LOI, ou letter of intent, aux dirigeants. En plus de leur faire part de notre intérêt pour leur entreprise, nous présentons le fonds, ainsi que la valorisation des parts que nous souhaitons acquérir, le pourcentage de détention visé et les instruments financiers envisagés. Parallèlement, nous rédigeons une note d’investissement afin de présenter en interne la cible, la structuration prévue, le rendement escompté et les raisons qui motivent notre souhait d’acquérir cette entreprise.

Suivi et accompagnement de l’entreprise

Si la LOI est acceptée et que l’opération est validée en interne, nous entamons les négociations juridiques. Une fois devenus actionnaires, nous suivons l’entreprise de près et l’aidons à se développer, jusqu’à la sortie de l’investissement.

Sur quelles missions peut être amené à travailler un stagiaire ?

Le stagiaire participe généralement à l’analyse de l’entreprise, que ce soit en termes de modèle économique, de marché ou de performances financières. Tous ces éléments d’analyse figureront dans la note d’investissement. Les stagiaires peuvent également contribuer à la modélisation financière et à la recherche de sociétés comparables pour valoriser la cible. De plus, ils peuvent assister aux réunions avec les dirigeants et les autres parties prenantes, telles que les banques d’affaires ou les cabinets d’avocats.

L’implication du stagiaire dépend bien sûr de la qualité du travail fourni et de sa volonté d’apprendre.

Quels sont les horaires en moyenne ?

Là encore, cela varie considérablement d’un fonds à l’autre. Certains sont réputés pour avoir des horaires similaires à ceux de la banque d’affaires, tandis que d’autres offrent un meilleur équilibre de vie. En d’autres termes, il est possible de terminer régulièrement après minuit ou, au contraire, de quitter le bureau avant 20 heures.

En règle générale, les horaires sont tout de même plus flexibles qu’en sell-side, et le rythme s’intensifie à l’approche d’un closing.

Evolution et débouchés

Y a-t-il des grades, à l’instar de la banque d’affaires ?

Il existe bien sûr des grades au sein des fonds de Private Equity, même si les appellations varient selon l’institution. Les jeunes diplômés recrutés à la sortie de l’école occupent généralement le poste d’Analystes, avant de devenir Associates ou Chargés d’Affaires par la suite. Au fil des années, ils peuvent évoluer vers le poste de Directeur d’Investissement, puis atteindre le statut de Partner. Bien que les noms et le nombre de grades diffèrent d’un fonds à l’autre, ce sont généralement ces titres qui sont les plus courants.

Quels sont les débouchés ?

Le turnover est beaucoup plus faible en Private Equity qu’en M&A, en Transaction Services ou en conseil en stratégie, car ce secteur offre non seulement des missions intéressantes, mais également un meilleur équilibre de vie. C’est également pourquoi il est beaucoup plus difficile de trouver une place dans ce milieu. Ceux qui quittent leur fonds rejoignent généralement un autre fonds, une entreprise en portefeuille, ou se lancent dans l’aventure entrepreneuriale.

Quel est l’impact de la pandémie sur votre métier ?

Pendant le premier confinement, l’activité en Private Equity s’est arrêtée. Les différents acteurs ont vérifié la santé financière des entreprises en portefeuille et ont attendu de voir comment la situation évoluerait avant de procéder à de nouveaux investissements. L’intervention de l’État et des banques a permis de faciliter la reprise.

Le mot de la fin : qu’aimes-tu dans ton métier ?

J’adore la diversité des missions en Private Equity. Ce métier regroupe tout ce que je recherche dans la finance d’entreprise : des concepts techniques, de l’analyse financière, une compréhension des entreprises et des marchés, des notions juridiques, et bien plus encore. J’apprécie également l’idée d’accompagner une entreprise au quotidien. De surcroît, vous êtes en contact avec des personnes aux parcours intéressants et dotées d’une solide compréhension des enjeux du monde des affaires, qu’il s’agisse d’investisseurs, de dirigeants d’entreprises, de banquiers ou d’avocats. C’est véritablement stimulant !

Merci pour cette interview !

2 thoughts on “Le Private Equity”

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