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Tout ce qu'il faut savoir sur le Debt Advisory : différences avec le Leveraged Finance, recrutement, quotidien, tendance actuelle ...

Le Debt Advisory

19 juin 2023 No Comments

Le Petit Analyste est parti à la rencontre de deux séniors et deux juniors pour mieux comprendre le Debt Advisory. Excellente lecture !

Bonjour et merci d’avoir accepté l’interview ! Quel est votre parcours ?

Senior 1 : après une classe préparatoire, j’ai rejoint une école de commerce où je me suis spécialisé en finance. Une fois diplômé, j’ai commencé ma carrière dans une grande banque d’affaires américaine à Londres en M&A puis en Leveraged Finance. J’ai ensuite rejoint un de mes anciens supérieurs qui avait lancé une boutique de Debt Advisory. C’est comme cela que j’ai fait mes premiers pas dans cet univers. Après quelques années dans cette boutique, j’ai rejoint un grand nom du Debt Advisory, en pleine expansion en Europe.

Senior 2 : après une classe préparatoire et une fois mon diplôme d’école de commerce spécialisation finance en poche, j’ai rejoint l’équipe de Leveraged Finance d’une banque française. Après quelques années, je souhaitais découvrir de nouveaux types de transactions et différents produits de dette LBO et pouvoir structurer les financements en fonction des spécificités des sociétés cibles, tout en prenant en compte les besoins des fonds de Private Equity. Je suis donc parti de l’autre côté de la Manche pour travailler dans une équipe de Debt Advisory. Je travaille désormais à Paris, dans la même équipe.

Junior 1 : j’ai étudié la finance dans une université parisienne avant de rejoindre une équipe de Leveraged Finance à Paris. J’ai ensuite intégré une équipe de Debt Advisory, en tant qu’Associate, car je souhaitais approfondir mes connaissances des différents produits de dette, avoir une vraie réflexion sur la structuration, tout en ayant une exposition plus internationale et un contact direct et quotidien avec les fonds de Private Equity et les prêteurs.

Junior 2 : après le baccalauréat, j’ai rejoint une classe préparatoire avant d’être admis en école de commerce. Pendant ma scolarité, j’ai effectué plusieurs stages en financement et en Private Equity, à Londres. J’ai découvert le conseil en dette assez tôt dans mon parcours. En effet, lors de mon stage en Private Equity, j’ai eu l’opportunité de travailler avec différents acteurs du secteur. Cela a confirmé mon attrait pour cet univers. C’est pour cela que j’ai commencé ma carrière en tant qu’Analyste en Debt Advisory.

Présentation du métier

Qu’est-ce que le Debt Advisory et quelle est la différence avec le Leveraged Finance ?

Prêteurs vs. Conseils

Senior 2 : les équipes de Leveraged Finance prêtent dans le cadre d’opérations de Leveraged Buy-Out, ou LBO. Ces équipes évoluent donc dans le même univers que celles de Debt Advisory. Le Leveraged Finance est une activité que l’on retrouve dans des banques de différentes tailles. En règle générale, les plus petites s’occuperont de transactions de taille moyenne quand les banques les plus importantes financeront les grands deals.

Les équipes de Debt Advisory ne financent pas les transactions mais conseillent leurs clients, qui sont la plupart du temps des fonds de Private Equity. Agissant en tant qu’intermédiaire, nous leur apportons notre expertise et notre savoir-faire en termes de structure de capital et de types de financement. Nous pouvons les conseiller sur tous les types de transactions impliquant de la dette, comme un add-on, un refinancement, une acquisition, un Amend & Extend ou un staple financing.

Une vision plus large de la transaction

Senior 1 : le champ d’action est beaucoup plus large chez un conseil en dette que chez un prêteur. Pour avoir travaillé plusieurs années en banque, nous proposions en général deux produits, à savoir les term loans ou les obligations high-yield, et le financement était ensuite syndiqué.

Nous devons proposer la structure de capital répondant au mieux aux besoins du client. Nous pouvons donc avoir recours à de la dette senior bancaire, des clubs deals, de l’unitranche, du high-yield, de la mezzanine, de la PIK ou même du preferred equity. Les situations et les produits utilisés sont donc bien plus variés qu’en Leveraged Finance. Nous avons également une vision plus large de la transaction car nous intervenons de bout en bout. Nous élaborons les documents commerciaux, en collaboration avec le client, pour mettre en avant les points forts du crédit et ainsi retenir l’attention des différents prêteurs.

Les équipes se sont également spécialisées dans les banques d’affaires. Certaines vont s’occuper de l’origination quand d’autres vont revoir le crédit ou la documentation juridique. Ce n’est pas le cas dans notre métier. Nous nous occupons de chaque aspect de la transaction, ce qui le rend très complet et très formateur.

Une relation de confiance avec le client

Senior 1 : les relations avec les clients sont également différentes si l’on compare le Debt Advisory et le Leveraged Finance. Les financements se sont standardisés depuis quelques années. Les prêteurs passent en comité de crédit puis font des propositions de financement (souvent objectivement assez prévisibles) qui seront acceptées ou non par l’emprunteur. A l’inverse, les mandats de Debt Advisory sont des mandats ad-hoc où nous devons réfléchir pour proposer un conseil sur mesure et de qualité en fonction des besoins de nos clients. Nous sommes ainsi directement contactés par les fonds de Private Equity (avec lesquels nous entretenons souvent une relation de confiance), ou bien via des appels d’offres qui mettent en concurrence quelques institutions.

Selon les boutiques, il y aura donc plus ou moins d’activité de « pitch » : les plus connues et/ou internationales sur le marché sont la plupart du temps précédées par leur réputation et n’effectuent que quelques pitchs dans l’année. Mieux vaut privilégier les institutions centrées sur l’exécution des deals pour progresser.

Justement, quels sont les grands acteurs à Paris et à Londres ?

Senior 1 : à Paris, le paysage comprend d’un côté les boutiques M&A comme Rothschild, Lazard, Alantra, Natixis Partners ou encore DC Advisory et de l’autre, les pures spécialistes comme Marlborough Partners, en pleine expansion, notamment en France et dont l’activité est exclusivement consacrée au conseil en dette.

Senior 2 : en effet, les boutiques à Paris commencent à créer de véritables équipes spécialisées en Debt Advisory. Cela est aussi dû à la complexification des sujets de financement avec notamment l’augmentation des taux d’intérêts. La valeur ajoutée d’un conseil en dette est encore plus importante.

Quels types de clients accompagnez-vous ?

Senior 2 : la grande majorité de nos clients sont des fonds de Private Equity et leurs sociétés en portefeuille. Il arrive que nous conseillions des Corporate ponctuellement mais ce n’est pas vraiment le cœur de notre business.

Travailler en Debt Advisory

Quelles expériences sont valorisées pour entrer dans ce milieu ?

Junior 2 : nous ne recrutons pas de profils type. Certaines expériences sont toutefois valorisées. Je pense notamment aux métiers du financement, comme le Leveraged Finance ou le Private Debt. Je pourrais également rajouter le M&A, le Transaction Services ou le Private Equity. Ces expériences permettent d’acquérir de solides connaissances en analyse financière, ce qui est indispensable pour décrocher une offre de stage ou de CDI.

Junior 1 : exactement, il n’y a pas de voie royale. En revanche, vous devez être familier avec les outils informatiques, comme Excel ou PowerPoint, et l’analyse financière. Une expérience dans le monde de la dette est bien sûr un atout mais ce n’est pas un prérequis. De plus, les qualités recherchées sont le sérieux, la rigueur, le souci du détail et bien-sûr la bonne humeur à ne pas négliger !

Quelles sont les notions à connaître en entretien ?

Junior 2 : je vous conseille de lire cet article avant tout ! (Rires) Plus sérieusement, soyez à l’aise avec les différents types de dette ainsi que les notions fondamentales d’analyse financière. L’anglais – oral et écrit – est également un prérequis.

Junior 1 : le candidat doit effectivement pouvoir apprécier la santé financière d’une entreprise en analysant son compte de résultat ou comprendre ses principales caractéristiques en lisant son tableau de flux de trésorerie. Les notions à connaître sont classiques.

Junior 2 : ne négligez pas les soft skills. Le caractère du candidat est primordial. C’est un métier prenant, il faut donc être réactif et montrer de la motivation, de la curiosité et de l’intérêt pour le travail, c’est un métier de passion.

Junior 1 : je suis d’accord avec toi. Les équipes en Debt Advisory peuvent être de taille réduite, il est donc indispensable de bien s’entendre avec tout le monde. Bien sûr, vous ne serez pas recalé si vous êtes le seul de l’équipe à aimer le rugby ! (Rires) Soyez sympathique, curieux, motivé et tout se passera bien.

Une fois l’offre en poche, à quelle fourchette de salaire peut-on s’attendre en tant que junior ?

Junior 2 : de ce que j’observe autour de moi, les rémunérations proposées par les principaux noms du Debt Advisory sont alignées avec ceux de la banque d’affaires, et notamment le M&A. A l’instar des banques, on observe toutefois des différences de salaire selon les institutions, mais on reste sur des niveaux de rémunération élevés avec une part importante provenant des bonus.

Le quotidien en Debt Advisory

A quoi ressemble votre quotidien ?

Senior 2 : il n’y a pas de journée type. Nous pouvons aussi bien avoir des réunions avec les avocats, rédiger des documents « marketing » de type Information Memorandum, négocier des Term Sheets avec les prêteurs ou expliquer au client les avantages et les inconvénients d’une structure de financement. A mon niveau de séniorité, il y a beaucoup de discussions avec les différentes contreparties. Le relationnel est important.

Junior 2 : je partage ce constat, même en tant que junior. Les journées ne se ressemblent pas et les missions dépendent beaucoup du type de transactions ainsi que de l’avancée de celles-ci. C’est la force de ce métier. Tu t’adaptes au marché, à ton client, aux prêteurs ou encore aux imprévus.  Là où je travaille, nous faisons surtout de l’exécution et peu de pitch. Cela rend le travail encore plus intéressant et formateur.

Junior 1 : concrètement, tu peux travailler sur la rédaction d’un rapport pour un client ou d’un Information Memorandum destiné aux prêteurs. Tu peux également mettre à jour le modèle financier avec une nouvelle structure de financement ou participer à une réunion avec le client et les avocats pour préparer la documentation juridique. C’est extrêmement varié.

Sur combien de transactions pouvez-vous travailler ?

Senior 2 : nous travaillons sur différents dossiers mais à des stades d’avancement différents. C’est très important de ne pas travailler sur un nombre trop important de transactions en même temps pour que la qualité de service reste très bonne. Notre force réside dans la qualité de nos conseils.

Senior 1 : le nombre de dossiers dépend du niveau de séniorité. Les juniors vont travailler sur trois ou quatre dossiers en parallèle. Au fur et à mesure que tu montes dans la hiérarchie, tu apportes une vision plus stratégique à l’équipe. En tant que Director, tu travailles en général sur cinq ou six transactions. A mon niveau, je suis entre six et dix deals.

Quelles sont les principales étapes d’une transaction ?

Senior 2 : tout dépend du type de mandat. Dans le cas d’un refinancement, le fonds de Private Equity va d’abord nous contacter. La première phase consiste en la rédaction d’Information Memorandum et la revue des rapports de Due Diligences financières et stratégiques réalisés par des équipes de Transaction Services et de conseil en stratégie. Une fois tous les documents validés, nous contactons les potentiels prêteurs. Les termes du financement sont ensuite négociés pour être les plus compétitifs possibles et en ligne avec la structure de financement envisagée. Les prêteurs passent ensuite en interne en comité de crédit avant de signer le commitment.

Senior 1 : nous passons ensuite à la partie juridique. Les avocats rédigent la documentation juridique, un contrat assez long matérialisant le financement et ses caractéristiques. Il faut savoir que le processus de refinancement peut durer entre trois et six mois. D’autres transactions peuvent se boucler beaucoup plus rapidement, entre un mois et demi et trois mois, comme pour un LBO classique, cela dépendra vraiment de la nature de la transaction et du degré d’avancement de la Due Diligence au lancement de la transaction.

La modélisation financière est-elle importante au quotidien ?

Junior 2 : c’est un élément qu’un junior doit maitriser. En revanche, on ne demande pas à un stagiaire de comprendre un modèle financier dans sa totalité. Cela viendra avec le temps et la pratique. Nous sommes là pour lui apprendre son fonctionnement.

Junior 1 : en effet, notre quotidien ne tourne pas autour de la modélisation financière. Ce n’est qu’une partie de notre travail qui consiste à être le chef d’orchestre de la transaction. Notre rôle est de coordonner les différentes contreparties de la transaction en plus d’être force de conseil auprès du client et de négocier avec les prêteurs

Est-il nécessaire, en tant que junior, d’avoir des connaissances juridiques ?

Junior 2 : on n’attend pas d’un stagiaire qu’il connaisse les spécificités de la documentation juridique. En tant qu’Analyste, c’est bien sûr un avantage de comprendre les spécificités légales mais ce n’est pas un prérequis. L’Associate est en général là pour te guider dans la lecture et la compréhension des différents documents juridiques.

Junior 1 : la compréhension des termes juridiques est cruciale car une partie de notre métier consiste à négocier cette documentation pour le client. Dans la première phase de la transaction, nos résultats et propositions de structure s’appuient sur la modélisation financière. Une fois que tout est validé, la documentation juridique matérialise cette structure. Il faut obtenir les termes les plus compétitifs pour le client et lui attirer l’attention sur les points les plus importants.

A quoi peut-on s’attendre en termes d’horaires ?

Junior 2 : c’est un métier transactionnel et le rythme dépend donc énormément de l’avancée de la transaction. Les semaines peuvent être chargées comme plutôt calmes selon la période.

Junior 1 : effectivement, on ne va pas vous inciter à vous abonner aux cours de sports quotidiens de 16h30 (rires), mais il ne faut pas non plus imaginer quelque chose d’inhumain. C’est un métier de passion, qui offre de très belles perspectives en termes de courbe d’apprentissage, de développement et de rémunération.

Quelle est la tendance actuelle en financement ?

Senior 1 : l’augmentation des taux d’intérêts a provoqué un ajustement des structures de capital. Les niveaux de leviers ont été revus à la baisse car le coût de la dette est plus élevé. Depuis quelques années, on voit également une très nette accélération du développement des fonds de crédit au détriment des banques. Ces fonds ont gagné des parts de marché, particulièrement dans le segment mid-market. Cela a mis toutefois un peu plus de temps à se matérialiser en France car les banques ont bien défendu leur pré carré.

Je rajouterai aussi que les fonds de Private Equity ont de plus en plus souvent recours à des équipes de Debt Advisory. L’environnement s’est complexifié et il faut donc faire appel à des experts du financement et de la structure de capital. Les plus gros fonds de Private Equity ont d’ailleurs internalisé ces fonctions.

L’après Debt Advisory

Quels sont les débouchés ?

Senior 1 : après quelques années, les personnes qui quittent le Debt Advisory s’orientent en général en fonds de Private Equity ou en fonds de Private Debt. D’autres retournent en banque d’affaires mais c’est plutôt rare.

Qu’aimez-vous dans votre métier ?

Junior 2 : j’adore être au cœur de la transaction. Tu es en contact avec le Management, les avocats, les prêteurs, les fournisseurs de Due Diligences, la technicité donc est omniprésente. C’est très formateur pour quelqu’un sorti d’école. C’est également excitant d’être dans un secteur en plein essor. Lorsque j’ai commencé à travailler en Debt Advisory, nous n’étions que quelques Analystes à Paris. Les grandes franchises comme Marlborough Partners, Rothschild ou Lazard ont considérablement développé leur activité et recrutent désormais des juniors.

Junior 1 : j’adore les négociations avec les prêteurs. Il faut s’assurer d’obtenir le meilleur résultat pour ton client tout en respectant les demandes des prêteurs. Ces discussions sont intenses, l’issue incertaine mais tu apprends énormément, à la fois sur le métier et sur toi-même.

Senior 2 : j’adore les relations avec les clients et le fait d’être le chef d’orchestre d’une transaction. Nous devons coordonner les différentes contreparties tout en répondant aux besoins du client. Nous apportons une véritable plus-value. C’est extrêmement satisfaisant, aussi bien humainement qu’intellectuellement. Aucune journée ne se ressemble. On ne s’ennuie jamais.

Senior 1 : j’adore la diversité que propose ce métier. Aucune journée ne se ressemble. C’est un métier génial pour ceux qui veulent apprendre dans un environnement sans cesse en mouvement. Nous sommes au cœur du monde de l’entreprise et il faut comprendre son fonctionnement, son marché, ses produits, leurs débouchés et mettre en avant ses qualités auprès des potentiels prêteurs. Il est aussi extrêmement plaisant de voir les relations que l’on crée avec les clients se renforcer au fur et à mesure des années et des transactions.

Merci à vous !

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