Après le Summer Internship en M&A chez Nomura, on passe du côté de la finance de marché avec un Summer Internship chez Barclays, en Trading & Structuring.
Bonjour ! Merci d’avoir accepté l’interview. Quel est ton parcours ?
Après un passage en école de commerce, je me suis rendu compte qu’il me fallait sur le CV un nom d’école qui me permettrait d’atteindre les objectifs que je m’étais fixés, notamment les Summer Internships. J’ai donc intégré un Mastère Spécialisé d’une école de commerce parisienne.
Une fois dans cette école, j’ai commencé à vraiment comprendre le système des Summer Internships. La rentrée était donc assez rythmée car en plus des cours, nous devions postuler à toutes les banques qui proposaient ce genre de stage.
La préparation en amont
As-tu postulé à un maximum de banques ou limité les candidatures aux meilleures ?
Je pense que ma stratégie n’était pas la plus optimale ! (Rires) Un mois après le début de la rentrée, je n’avais toujours pas postulé. Je ne m’étais pas rendu compte que j’étais déjà en retard par rapport aux autres candidats. C’était le cas d’un certain nombre de personnes de ma promotion d’ailleurs.
Autre point important à souligner, j’avais décidé de garder les meilleures banques pour la fin, afin de m’entraîner en postulant aux autres. Vu que j’étais déjà en retard, que j’avais mis beaucoup de temps à préparer les lettres de motivation et que je ne voulais pas délaisser mes cours, je n’ai postulé finalement qu’à quelques banques. Avec le recul, je pense que j’ai pris trop de temps à rédiger les lettres de motivation et que je m’y suis pris beaucoup trop tard.
Je visais principalement Barclays en dehors du top 5 car c’était la seule banque, avec JP Morgan, à proposer un Summer Internship en Trading & Structuring, et non uniquement en Sales & Trading. Le métier de Sales ne m’intéressait pas tellement.
Tu as dit que ta stratégie n’était pas optimale. Comment t’y prendrais-tu si tu devais postuler de nouveau ?
Complètement différemment ! (Rires) Le truc qu’il faut se dire, c’est que ce n’est ni très compliqué, ni très long de postuler aux Summer Internships. Le plus dur pour moi était de gérer en parallèle les cours. J’ai intégré le Mastère Spécialisé non pas juste pour passer les entretiens en Summer Internship. Je souhaitais valider les cours avec de bonnes notes et parfaire mes connaissances en finance. Si donc, comme moi, tu découvres les process des Summer Internships au moment de la rentrée, ça peut être compliqué.
L’idéal est de se familiariser avec les candidatures aux alentours de la fin du mois d’août. C’est toujours la même chose : un dossier à remplir en ligne, les tests à passer, l’HireView puis les entretiens ou l’Assessment Center. Si tu as déjà complété tes dossiers en ligne à la fin de l’été, tu peux t’occuper des tests numériques début septembre. Avec un peu de chance, tu as les Hireview début octobre. Il faut bien garder à l’esprit que les recrutements se font sur le principe du premier arrivé, premier servi (rolling basis).
Comment t’y es-tu pris pour le networking ?
Honnêtement, je n’ai pas tellement networké. J’étais déjà pris de court, je n’ai donc pas pris le temps de contacter des personnes. En plus de ça, je n’aime pas trop l’exercice. Mon networking s’est limité à rajouter quelques personnes sur LinkedIn. Je ne les ai pas appelé ou pris de café avec.
Attention, je ne dis pas que le networking est inutile. Je connais pas mal de personnes qui ont fait jouer leur réseau et cela a fonctionné. Mon exemple n’est pas forcément représentatif. C’est même plutôt le contraire je pense. Si je devais résumer, je pense que vos chances ne sont pas nulles si vous n’avez contacté personne au moment des candidatures. A l’inverse, faire l’effort de networker améliorera vos chances d’avoir un entretien.
Ne négligez pas votre page LinkedIn. Deux jours avant l’Assessment Center, mon profil avait été consulté par 5 ou 6 personnes des ressources humaines. Je ne sais pas si les autres banques le font.
Les entretiens pour le Summer Internship en Trading & Structuring chez Barclays
Quelle est la première étape après les tests numériques ?
Il y a les HireView, c’est-à-dire des entretiens pré-enregistrés et en ligne. Le format à l’époque était assez particulier. Il y avait 3 étapes.
L’étude de cas
Dans mes souvenirs, la première étape était une étude de cas sur une introduction en bourse (une IPO). Plusieurs documents PDF étaient à ma disposition. Il y avait 4 questions à choix multiples et cela durait environ 10 minutes. Les questions étaient précises. Ce n’est toutefois pas technique, il y a peu de notions à connaître.
Le but était donc de comprendre, agréger et synthétiser les informations des différents documents pour pouvoir répondre aux questions.
Interview et email à rédiger
On te pose 4 questions auxquelles tu dois répondre face à la caméra. Ces questions sont en lien avec l’exercice précédent. Il faut toujours argumenter et donner des exemples. Il y a environ 1 minute – 1 minute 30 de préparation puis 3 minutes de réponse.
Questions personnelles
Les questions sont cette fois-ci plus axées sur toi. Il y en a 4, avec le même temps de préparation qu’à l’étape précédente. Je me rappelle simplement de la dernière question : que retiens-tu des entretiens chez Barclays ?
Pendant toute la durée du process, plusieurs vidéos sont diffusées, mettant en scène des employés de Barclays. Ces vidéos, ainsi que le format des entretiens et des questions, ont été pensées pour mettre en avant les valeurs de Barclays, à savoir “respect, integrity, service, excellence and stewardship”.
Lorsque la question a été posée, j’ai pu dire que telle partie mettait en avant telle valeur. Je pense que cela a fait un peu la différence par rapport à d’autres candidats.
Quelle est l’étape d’après ?
Si tu es sélectionné, tu es convoqué à l’Assessment Center. J’ai été contacté fin novembre environ. L’Assessement Center dure une journée entière. Nous arrivons vers 8h et repartons vers 17h.
Les questions de fit
Les questions du matin étaient plutôt orientées fit. Les deux recruteurs étaient des traders. Les questions qu’ils posaient suivaient une trame. Ils cherchent vraiment à comprendre la cohérence de ton parcours et les raisons qui te poussent à aller en finance de marché. Il faut qu’à la fin des entretiens, les recruteurs comprennent ton histoire. Ils m’ont également posé des questions sur les valeurs de Barclays.
Une question m’avait particulièrement marqué ; ils m’avaient demandé comment je réagirai si une majorité des employés de l’entreprise dans laquelle je travaillais ne respectait pas la loi. J’ai préféré jouer la carte de l’honnêteté. Ce n’est pas très réaliste de dire qu’on va changer à nous seul une entreprise de plusieurs dizaines de milliers d’employés. J’ai préféré dire que je changerai d’entreprise pour en rejoindre une qui me correspondrait mieux.
Le jeu de trading
C’était assez stressant mais marrant. Ce jeu est uniquement proposé aux candidats du programme Trading & Structuring. Nous étions 4 groupes de 5 personnes. Chaque groupe était encadré par un opérateur.
Il y a 15 cartes, numérotées de 1 à 15. Le but du jeu est de « pricer » la somme de 7 cartes parmi les 15 puis de « trader » cette valeur avec les autres équipes. En fonction du prix des autres équipes tu peux deviner les cartes en jeu.
Le déjeuner
Il y a également un déjeuner, qui n’en est pas vraiment un. C’est en fait un moment pour parler aux traders et structureurs. J’ai pu discuter avec un Managing Director.
Un structureur est ensuite venu me parler. Il m’a demandé si j’étais plutôt quelqu’un de technique. J’ai dit que cet aspect me plaisait. La personne a donc enchaîné les questions techniques. Ça s’est très bien passé. Sur l’heure de déjeuner, j’ai dû passer environ 50 minutes avec lui.
Culture économique et brain teasers
Cette partie dure 2 heures environ. On va essayer de te challenger sur ta culture économique : inflation, taux d’intérêt, marché actions, cours des matières premières… Ils voulaient s’assurer que je comprenais bien les relations entre les grandes variables économiques et financières.
J’ai ensuite eu les fameux brain teasers, qui sont des exercices de logique et de calcul mental. J’en ai eu 6 ou 7 environ. Je m’en souviens de certains :
- Combien y a-t-il de mariages en Allemagne ?
- Combien de ballons de basket peut-on mettre dans un avion ?
- Il y avait également une autre question avec un rocher et un bâton de dynamite dont la mèche ne se consume pas à vitesse constante mais je ne me rappelle plus l’énoncé.
Il n’y a pas besoin de faire de calculs précis. Tu peux estimer, arrondir et proposer tes hypothèses. Pour la question avec l’avion, tu peux par exemple supposer que les ballons occupent le volume d’un cube pour ne pas utiliser la formule du volume d’une sphère.
Le Summer Internship en Trading & Structuring chez Barclays
Comment s’est déroulé ton Summer Internship ?
Grosso modo, ton quotidien ressemble à ça :
- Un projet technique,
- Parler à ton équipe,
- Parler aux autres équipes et,
- Rédiger un commentaire sur le marché, le soir ou le matin.
J’étais stressé pendant la première rotation. La suivante s’est déroulée différemment. J’étais rodé et plus organisé vu que j’avais déjà passé quelques semaines chez Barclays. J’ai énormément parlé à mon équipe, facilement 1 heure par jour. Ça m’a permis d’apprendre énormément. Mes horaires étaient plus légers : mes fins de journées passaient de 21h à 18h. J’étais beaucoup plus détendu, j’ai pu finir mon projet à temps.
Justement, peux-tu nous parler d’un projet ?
Je peux te parler du projet de la deuxième rotation. C’était un projet sur Python. C’est un peu technique mais je peux expliquer en quelques mots. Ma team tradait des produits de taux forward. Le P&L (résultat) de l’équipe est donc exposé à plein de variables différentes : les différents taux (euro – dollar, euro – yen, euro – sterling …), la durée du produit (1 semaine, 2 semaines, 1 mois …) etc. Si le marché chute, nous voulons idéalement nous protéger (hedger) le plus rapidement possible, sans passer par toutes les positions, une par une.
L’idée du projet était de trouver les 4 ou 5 produits les plus exposés à la variance du P&L de l’équipe qui nous permettrait ensuite d’hedger 60% à 70% du P&L rapidement. C’était très intéressant, il y a pas mal de calculs statistiques et de programmation. Ça permet également d’approfondir tes connaissances en finance et d’en apprendre plus sur le fonctionnement de l’équipe.
Quel événement t’a marqué ?
Barclays avait organisé un Macro Drinks pour tous les stagiaires d’été en finance de marché, dont ceux en Trading & Structuring. Le Macro Drinks rassemblaient les professionnels des taux de change et taux d’intérêts, que ce soient des traders, des structureurs ou des sales. Il y avait tous les grades, d’Analyste à Managing Director. Le but était bien sûr de discuter avec eux. Un Vice President est venu me saluer et me dire que j’avais fait bonne impression à des Analystes. Il m’a ensuite proposé de passer à son bureau dès que je pouvais. Je suis finalement allé le voir et encore une fois, beaucoup de questions techniques.
Comme je l’ai dit avant, ce n’est pas tant pour tester tes connaissances que ta façon de réfléchir. Tout le monde a des parcours différents, et donc des connaissances différentes. Ça m’est même déjà arrivé d’avoir un brain teaser pendant ce stage : combien de kilomètres carrés font les Etats-Unis ? Pour information, c’est 9,8 millions de kilomètres carrés !
Quel était le profil de tes collègues ?
Il y a à peu près 60 personnes dans une promotion de Graduates. Il y a environ un quart, voire un tiers, de Français. C’est énorme ! Il y a beaucoup de Quant (analyste quantitatif) français. Dans ma promotion de stagiaires d’été, le Royaume-Uni et la France sont les pays les plus représentés.
Il faut bien distinguer les différents métiers au sein de la division finance de marché. La grande majorité des Sales a fait une école de commerce. Je ne me souviens pas avoir vu beaucoup de Français en Trading. Je m’en rappelle d’un, venant d’un Mastère Spécialisé. Il y avait en revanche un paquet de Quant venant de l’Hexagone. Ces derniers viennent en général du master El Karoui ou des écoles d’ingénieurs type Centrale Paris ou Polytechnique.
Entre 60% et 80% des étudiants (hors Français) avaient un parcours en ingénierie ou mathématiques. Les autres avaient une formation en économie. Ils viennent des universités habituelles : Oxford, Cambridge, Imperial College …
Vu que tu commences tôt, conseilles-tu de vivre à côté du travail ?
Je ne voulais surtout pas habiter à côté de mon travail. Les Français, plutôt bons vivants, se retrouvent dans le même quartier, à Marylebone. C’est cliché, je sais ! (Rires) C’est environ à 35 minutes de Barclays, qui se situe à Canary Wharf. Ce n’est pas très long, ça fait une dizaine de stations. C’est toutefois possible de se rapprocher. Le quartier de Marylebone est plutôt sympa, il y a Regent Park et Hyde Park juste à côté.
La colocation est obligatoire vu le prix de l’immobilier. Si tu veux louer un studio seul, il faudra t’éloigner pas mal de ton boulot. Je crois que c’est possible de te mettre en colocation avec des gens de Barclays avant le stage. Ça t’évite de tomber avec des fêtards. C’est plutôt simple de visiter et de trouver des appartements une fois sur la place. Je pense d’ailleurs qu’il est préférable d’être sur place, cela permet d’éviter des arnaques. En plus de ça, tu vois à quoi ressemble l’appartement, qui peut être parfois très différent des photos.
Si tu ne peux pas être à Londres pour visiter, tu peux passer par des agences immobilières. Faites attention à ne pas vous faire arnaquer et vérifier les frais d’agence. Tu peux ensuite réserver via internet.
Le mot de la fin
Avec le recul, comment as-tu trouvé ton Summer Internship en Trading & Structuring chez Barclays ?
C’était à la fois la meilleure et la pire expérience de ma vie ! J’ai appris énormément, aussi bien en technique qu’en programmation. J’ai plus appris en 2 mois qu’en 6 mois de mon côté. En soi, le stagiaire n’est pas utile car il ne peut pas trader. Les projets te permettent toutefois de mettre la main à la pâte et d’avoir une petite plus-value. Il faut également garder à l’esprit que la probabilité d’avoir une offre à la fin est infiniment plus élevée que dans un stage classique à Paris.
J’étais toutefois sous pression pendant ces 2 mois. Je devais donner le meilleur de moi-même. Je travaillais beaucoup, il m’arrivait de venir au bureau à 6h et de repartir à 22h. Quand la deuxième rotation est arrivée, tout s’est amélioré. J’avais pris mes marques, je me sentais plus à l’aise.
Quels conseils donnerais-tu à un étudiant qui va commencer son Summer Internship dans quelques jours ?
On a tous peur d’aller networker. Il faut toujours parler à ton équipe et aux autres. Malheureusement, il y a un monde entre le savoir et l’appliquer. Il faut se forcer si tu veux un poste à la fin. J’ai mis facilement 2 semaines pour aller parler à des personnes extérieures à mon équipe, alors que le stage dure un peu plus de 2 mois ! L’environnement en open space te donne l’impression d’être constamment observé par tout le monde. Quand j’allais parler à un trader, je me penchais et me rapprochais de son oreille pour être le plus discret possible ! (Rires) Avec le temps, j’étais de plus en plus à l’aise. Souvent, les traders te diront de passer plus tard car ils sont occupés.
Je trouve que les Anglais sont beaucoup plus à l’aise avec cet exercice. Ils interviennent souvent pendant les réunions et conférences et s’expriment très bien. Networker est un jeu d’enfant pour eux, ils sont préparés à ça. En plus, ils peuvent s’exprimer dans leur langue maternelle, ce qui facilite beaucoup les choses.
En parlant de la langue, les Français ne se moqueront jamais de ton niveau d’anglais ou de ton accent. Les Français ont d’ailleurs tendance à rester entre eux par facilité, comme les autres nationalités. C’est compréhensible vu que nous sommes dans un environnement inconnu. Nous nous raccrochons à nos repères.
1 Comment
[…] si cette notion regroupe plusieurs métiers (Quant Risk, Quant Front …). Certains deviennent Trader ou Structureur car ces métiers requièrent une certaine technicité selon le produit […]