Après le Summer Internship chez Rothschild à Francfort en M&A, direction le Restructuring à Londres, toujours chez Rothschild. Bonne lecture !
Bonjour ! Merci d’avoir accepté l’interview. Quel est ton parcours ?
Après le baccalauréat, je suis rentrée à Dauphine où j’ai suivi une licence et un Master 1 en finance. J’ai ensuite fait une année de césure. Les deux stages se sont déroulés en M&A dans une banque française et une banque américaine. J’ai ensuite effectué mon Summer Internship chez Rothschild dans l’équipe de Restructuring.
La préparation en amont
As-tu postulé à un maximum de banques ou limité tes candidatures aux meilleures ?
Il faut savoir que j’ai fait ce stage chez Rothschild à la suite d’un Spring Week, et non en postulant directement en Summer Internship. A l’époque, j’avais candidaté à de nombreux Spring Weeks. Rothschild m’a rappelé, j’ai passé les entretiens et eu l’offre.
A l’issue de ce Spring Week, j’ai été fast trackée pour le Summer Internship ce qui m’a permis d’être directement au dernier tour. Le dernier tour se compose de deux entretiens de quarante-cinq minutes. Les banquiers qui m’ont fait passer le premier entretien étaient plutôt juniors, de niveau Analyste et Associate. Le deuxième entretien était face à deux Managing Directors.
Quid du timing ?
Les candidatures ouvrent entre juillet et septembre. Je vous conseille de postuler le plus tôt possible car c’est très souvent « on a rolling basis » : premier arrivé, premier servi.
Comment as-tu networké ?
J’ai très peu networké et je n’ai pas été recommandée. Je ne suis pas sûre que le networking soit indispensable car les processus de sélection sont très cadrés.
Comment as-tu préparé les tests en ligne ?
Un ami m’avait passé des annales de tests en ligne. Cela m’a permis de me familiariser avec le format et de m’entraîner. Je n’ai pas fait de faux comptes.
Du Spring Week au Summer Internship chez Rothschild en Restructuring
Comment s’est passé le Spring Week ?
J’ai eu l’opportunité d’intégrer un Spring Week réservé aux femmes souhaitant travailler en finance. C’était tout nouveau, même si le format est identique aux Spring Weeks classiques. Nous étions une vingtaine environ et j’étais la seule Française. J’étais également la plus âgée et celle qui avait le plus d’expérience. C’était bizarre ! (Rires)
Le Spring Week dure une semaine. Il y avait des présentations des différentes équipes composant l’entité Global Advisory de Rothschild : M&A and Strategic Advisory, Debt Advisory and Restructuring et Equity Advisory.
Nous avions également des sessions de work shadowing avec des Analystes. Cela nous permettait de mieux comprendre leur quotidien et de leur poser des questions. On nous avait également donné une présentation à faire en groupe sur un sujet imposé. Le rendu final était ensuite présenté devant des Managing Directors et des Partners.
Selon moi, le plus important est de rester enthousiaste et proactif. Il faut poser des questions et montrer que l’on est intéressé. Je pense qu’il est également important de se présenter aux personnes des Ressources Humaines et de leur parler. Ce sont elles qui gèrent tout le recrutement. Elles sont d’ailleurs présentes pendant les différents événements et observent les stagiaires. Il faut donc se démarquer.
Comment se sont passés les entretiens ?
Comme je l’ai dit, je n’ai eu qu’un seul tour grâce au fast track. Il y en a deux en général.
Présentation de transaction et questions techniques
J’ai trouvé le format des entretiens intéressant. Deux semaines avant l’entretien, Rothschild m’a demandé de présenter, en trois slides, une transaction qui m’avait marquée. Cette présentation était à envoyer la veille de l’entretien. Une fois en entretien, j’ai présenté le deal pendant cinq minutes avant de répondre aux questions. C’était très stimulant. J’avais d’ailleurs eu un exercice similaire pour le Spring Week ; on m’avait demandé de parler d’un sujet qui me tenait à cœur.
Outre la présentation, on m’a aussi posé des questions techniques. Je trouve que l’approche est différente des entretiens à Paris. Les questions sont moins abstraites. On m’a par exemple demandé de calculer les free cash-flows d’une prison. Les réponses impliquaient une certaine réflexion, il ne suffisait pas de réciter les formules.
Questions de fit
L’entretien avec les deux Managing Directors ressemblait plus à une discussion. Ils ont descendu tout mon CV en essayant de comprendre les raisons qui m’ont poussée à choisir telle formation ou tel stage. L’entretien était clairement orienté sur mon parcours et ma personnalité, même s’ils m’ont demandé de parler d’une transaction autre que celle que j’avais déjà présentée.
J’ai finalement eu l’offre un jour ou deux après le dernier entretien.
Le Summer Internship chez Rothschild en Restructuring
Comment se déroule le Summer Internship chez Rothschild ?
Choix d’équipe et télétravail
Trois ou quatre mois avant le début du Summer Internship, Rothschild nous demande de formuler nos vœux. Nous devions classer les équipes qui nous intéressaient le plus. Il n’y a pas de rotation et chaque équipe comptait environ deux stagiaires.
A cause de la pandémie, le Summer Internship a duré cinq semaines au lieu des dix semaines habituelles. Rothschild nous a envoyé à chacun un ordinateur portable pour nous permettre de télétravailler.
Le Summer Internship
La première semaine est une semaine de formation. Il y a également des événements permettant de rencontrer les autres stagiaires et banquiers. On nous assigne un buddy qui est en fait un Analyste de l’équipe. Il y a également un mentor, généralement un Vice President issu d’une équipe différente. Son rôle est de nous donner une vision d’ensemble de l’équipe et de Rothschild.
Une fois la formation finie, le Summer Internship pouvait commencer.
Quel était le profil des autres stagiaires ?
Ils étaient principalement anglais ou issus d’une université anglaise. Peu de personnes avait des expériences en finance. Les profils étaient variés. Mon co-stagiaire avait une formation en chimie par exemple. Il y avait beaucoup de garçons, c’était loin d’être paritaire.
Quelles étaient tes missions pendant le Summer Internship chez Rothschild en Restructuring ?
C’était une période particulière, surtout pour l’activité Restructuring. La première vague de COVID-19 était derrière nous et les équipes de Restructuring préparaient déjà les pitchs en anticipation de la deuxième vague. C’était une période de transition, j’ai donc travaillé sur énormément de pitchs.
Les équipes de Restructuring ne sont pas sectorisées ce qui m’a permis d’être exposée à de nombreuses industries. Les missions sont relativement similaires à ce qu’on peut trouver en M&A, même si l’approche est différente. Le Restructuring se concentre principalement sur la dette, contrairement au M&A. Nous nous intéressons aux problématiques de levier, de liquidité et de maturité de dette. Nous analysons chacun de ces trois points afin de déterminer quels seront les besoins de l’entreprise.
En parallèle de ça, chaque stagiaire avait une présentation à préparer. Je devais rédiger et présenter un pitch sur une entreprise qu’on m’avait assignée.
Pourquoi avoir choisir l’équipe Restructuring et non M&A ?
Le Restructuring était mon premier choix. J’avais déjà deux stages en M&A, je n’étais pas sûre d’apprendre beaucoup lors d’un Summer Internship de quelques semaines. Je ne voulais pas non plus rester dans ma zone de confort. En plus de ça, la présentation de l’équipe pendant le Spring Week m’avait vraiment intéressée. Je me suis donc lancée. J’ai d’ailleurs choisi le Restructuring avant que la pandémie n’éclate. Bon timing ! (Rires)
Je suis très contente d’avoir choisi le Restructuring, même si ce n’est pas un domaine dans lequel je me vois évoluer. C’est plus technique que le M&A et le métier intègre des dimensions juridiques que l’on n’aborde pas dans les autres métiers. Les dimensions marketing et commerciale sont toutefois moins présentes, et c’est ce qui m’a manqué. Les présentations sont techniques, on rentre dans les détails. On perd le côté généraliste du M&A.
Quels étaient tes horaires ?
Le rythme en Restructuring est similaire au M&A voire pire selon la situation économique, même si cela dépend beaucoup des équipes. L’équipe de Restructuring de Rothschild au Royaume-Uni est d’ailleurs très réputée en Europe. Ils ont remporté énormément de mandats pendant la première vague de COVID-19.
C’est une activité contracyclique. Quand l’économie mondiale est au beau fixe, l’activité est calme, même si statistiquement il y a un toujours un certain nombre d’entreprises en difficulté. C’est lors des crises que l’on observe les pics d’activité. Mon stage était très intense. Les contraintes de temps sont plus fortes qu’en M&A. En effet, les entreprises sont au bord de la faillite, il y a donc urgence à agir. En termes de rythme, je crois que certains Analystes ont travaillé ces huit ou neuf derniers mois du lundi au dimanche. C’était dur.
Ambiance, conseils et télétravail
Comment décrirais-tu ton expérience en télétravail par rapport à tes autres expériences en banque d’affaires ?
Le Summer Internship s’est bien passé malgré le télétravail. L’équipe a tout fait pour nous intégrer en nous appelant plusieurs fois par jour. Il y avait également une réunion tous les matins avec tous les membres de l’équipe. Cela permettait de se tenir au courant de l’activité tout en laissant la possibilité aux stagiaires de se faire connaître.
Il est toutefois moins facile de poser des questions en télétravail. Cela ne m’a pas trop gênée car j’avais déjà plusieurs expériences en banque d’affaires et je commençais à connaître le métier. A l’inverse, je ne pense pas que le télétravail soit souhaitable pour un stagiaire sans expérience.
Conseils
Il faut à tout prix investir dans du bon matériel et réaménager votre bureau. Les horaires sont durs et travailler sans un matériel adéquat peut devenir vite très pesant. Achetez par exemple un deuxième écran d’occasion ou une chaise confortable. C’est un investissement nécessaire.
N’hésitez pas non plus à poser des questions, même si c’est à distance. Essayez aussi de comprendre la façon dont travaillent les Analystes. Certains peuvent répondre à vos questions au fil de l’eau alors que d’autres préfèreront répondre à plusieurs questions d’un coup. A vous de cerner leur personnalité. N’hésitez pas non plus à proposer des virtual coffee chat, qui sont des sortes de pauses café virtuelles. Les banquiers sont ouverts au networking, encore plus pendant l’été et les Summer Internships. C’est d’ailleurs ce qu’ils attendent de vous. Il faut prendre les devants.
Le mot de la fin : quels conseils aurais-tu à donner à quelqu’un voulant travailler en banque d’affaires ?
Ne faites pas du M&A parce que c’est la mode. Beaucoup se lancent dans le métier et se rendent compte que ce n’est absolument pas fait pour eux. Parlez à des professionnels de la finance dans des métiers autre que le M&A, comme le Transaction Services, l’ECM, le DCM, l’Inspection Générale et j’en passe. Ce n’est pas toujours facile de les aborder mais cela permet de mieux comprendre leur quotidien. Si vous décidez de vous lancer dans le métier, soyez prêt. Ce n’est pas facile d’avoir des entretiens, il ne faut donc pas rater les opportunités.
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