L’invité du jour travaille dans une équipe de Structuring spécialisée en Equity Derivatives. Excellente lecture !
Bonjour et merci d’avoir accepté l’interview ! Quel est ton parcours ?
J’ai un parcours plutôt classique. Après un baccalauréat scientifique, j’ai fait une classe préparatoire avant d’intégrer Centrale Paris. C’est là que j’ai découvert le monde de la finance et les mathématiques appliquées à la finance, dans lequel je me suis spécialisé. Pendant mon année de césure, j’ai effectué deux stages en banque en Trading et en Structuring.
Présentation de l’Equity Derivatives Structuring
Qu’est-ce que le Structuring ?
La définition du Structuring est vraiment propre à chaque banque. Chacune a des organisations spécifiques. L’organisation standard que j’ai pu voir autour de moi est la suivante :
- Un pôle Structuring qui regroupe plusieurs activités, notamment l’activité Pricing qui s’occupe de la valorisation des produits et du développement de l’offre ;
- Les autres équipes de Structuring vont plutôt s’occuper du montage de la solution et traiter les différentes problématiques légales, fiscales ou comptables.
Dans la partie Pricing, nous sommes spécialisés par produits, contrairement à ceux qui s’occupent du montage de la solution. Il y a des vraies spécificités de marché propres à chaque classe d’actifs. Nous sommes donc répartis par produits : Equity, Commodities ou encore Fixed Income, dans lequel on distingue entre autres les produits liés aux taux de change (FX), taux d’intérêts ou encore taux d’inflation.
Quelles sont les relations entre les équipes de Sales, Trading et Structuring ?
C’est là qu’on touche vraiment à la spécificité de chaque banque. Là où j’ai travaillé, le Structuring est à mi-chemin entre le Trader et le Sales, avec une plus forte proximité avec ces derniers. En effet, les équipes Structuring sont responsables de l’innovation et de l’offre de produits. Nous avons donc un objectif plutôt commercial. Par exemple, nous allons accompagner les Sales lors des présentations aux clients pour les aider sur les parties plus techniques. Nous sommes toutefois aussi en contact avec les équipes de Trading car nous devons nous mettre d’accord sur la gestion du produit, sa valorisation et sa réplication. L’équipe Trading n’aura pas cette composante commerciale.
Quels sont les grands acteurs en France et à Londres ?
La principale différence qu’il va avoir entre deux banques est le contenu de son activité, c’est-à-dire ses books. L’implantation géographique joue aussi. Les banques françaises vont par exemple avoir une forte pondération de produits appelés autocall. C’est une activité liée à la distribution (retail) en France. On en trouvera donc moins dans des banques anglo-saxonnes.
Quand on traite avec des clients institutionnels, on aura moins de différences de produits entre les banques.
Travailler en Structuring
Un parcours scientifique est-il recommandé ? Une formation en école de commerce suffit-elle ?
C’est une question qui revient souvent. Là encore, cela dépend des banques. Les banques françaises embauchent souvent des ingénieurs dans la partie Pricing des équipes de Structuration. Je pense toutefois que les profils sont plus variés dans les banques anglo-saxonnes. C’est du moins ce que j’ai entendu.
Recommandes-tu de compléter son parcours par une formation en finance si l’on vient d’une école d’ingénieurs ?
Cela dépend de ce que l’on souhaite faire. Si j’avais voulu être Quant, ça aurait été utile d’enchaîner avec une autre formation, surtout au vu de la compétitivité et de la sélectivité du secteur. Mais pour la plupart des métiers en finance de marché, l’école d’ingénieurs suffit.
Summer Internship, VIE ou stage de fin d’études : quelle est la meilleure voie pour commencer sa carrière ?
Le Summer Internship dans une banque à Londres est clairement le mieux en termes de probabilité de conversion. Si l’on veut rester à Paris, le stage ou le VIE restent des bons moyens pour travailler ensuite. L’avantage du stage de 6 mois est qu’il permet d’avoir une vision d’ensemble des équipes et de connaître les postes qui se libèrent ou non.
Comment préparer au mieux les entretiens ? Quelles sont les notions à connaître ?
Comprendre le fonctionnement d’un pricing de produit est important. Il est également important de comprendre à quoi correspondent les grecques, à quoi elles servent et comment elles sont calculées. Il faut également être capable de comprendre et expliquer des modèles financiers du type Black-Scholes.
Faut-il savoir programmer ?
Nous utilisons les langages de programmation au quotidien. Les activités de Structuration et de Pricing n’échappent pas à l’automatisation. La programmation est donc plus qu’utile, elle est nécessaire si on veut apporter une certaine valeur ajoutée. On ne doit pas perdre de temps sur les tâches à faible impact. Elles doivent être automatisées. Les banques n’utilisent pas tout le même langage. Cela dit, j’ai l’impression que Python fait pas mal l’unanimité. En plus de ça, c’est utile aussi bien en Trading qu’en Structuring. Je l’utilise d’ailleurs au quotidien.
On ne demande pas de lignes de code en entretien. On peut être toutefois amené à parler d’un projet en Python que l’on a réalisé à l’école, voire même un projet personnel. L’idée est de montrer ce qu’on est capable de faire. Ne vous mettez toutefois pas la pression, la plupart des personnes apprennent en pratiquant. Je me suis rendu compte qu’il y avait une énorme différence entre ce que l’on apprend en école et ce qu’on utilise en banque. Il faut quand même avoir une certaine appétence pour la programmation.
Comment s’entraîner en programmation ?
J’ai pas mal utilisé le site Openclasseroom. Je ne pense pas que ce soit vraiment nécessaire, je l’ai surtout fait par intérêt. Je n’ai d’ailleurs pas fait tout le parcours Python sur le site.
Faut-il savoir utiliser Bloomberg ?
Oui, nous utilisons Bloomberg au quotidien. Il n’est pas nécessaire de savoir le manier avant d’arriver en stage.
Quelles missions confiera-t-on à un stagiaire ?
Le stagiaire doit au plus vite être opérationnel et monter en compétences. On va t’expliquer comment fonctionnent les différents produits proposés, les types de clients et les raisons qui poussent à proposer un type de produits à un type de clients. Le stagiaire va vite se rendre compte du côté commercial de l’activité Structuring. Ce n’est pas une chose qui s’apprend en école.
A quel salaire peut s’attendre un junior ?
Cela dépend pas mal de la localisation et de la banque. Le salaire peut pratiquement varier du simple au double, de 45 000 euros à 80 000 livres ou dollars, ce qui donne une fourchette assez large ! (Rires) D’autres facteurs sont également à prendre en compte, comme ta capacité à négocier et si tu as d’autres offres ailleurs.
Le métier au quotidien
Quels sont vos clients ?
Il y a plusieurs types de clients :
- La distribution regroupe des entités comme les assureurs ou les banques privées. Il arrive qu’ils sachent déjà le type de produits qu’ils veulent proposer à leurs clients. Ils vont donc demander aux banques de leur proposer un prix pour lancer ces produits ;
- Les institutionnels regroupent les gestionnaires d’actifs. Il peut également avoir des mutuelles ou des fonds de pensions par exemple. On leur propose des produits d’investissement ou de couverture pour des investissements déjà effectués. Le client va faire appel à nos services pour son compte propre ;
- Les Corporates, même si on pourrait les inclure dans la catégorie précédente, vu qu’ils traitent pour compte propre. Ils peuvent par exemple vouloir se protéger contre les variations des matières premières ou placer sa trésorerie à court et moyen terme.
Comment l’activité est-elle rémunérée ?
Le type de rémunération dépend du type de produit. Pour des stratégies systématiques, par exemple, les frais d’exécution et de maintenance sont explicitement définies. Pour des produits structurés, c’est plus complexe, on va essayer de déterminer un coup de réplication du produit, et ajouter notre marge par-dessus. En revanche, au niveau de la banque, rien ne garantit qu’on sera capable de répliquer au coût prévu : parfois on arrive à faire mieux (auquel cas notre plus-value sera finalement supérieure) parfois c’est l’inverse (auquel cas notre plus-value sera inférieure). C’est au rôle du Trader d’optimiser le coût de réplication des produits, nous travaillons en amont avec eux pour déterminer la meilleure stratégie de réplication d’un produit et ses couts associés.
L’après Structuring
Quels sont les débouchés ?
J’ai vu des personnes passer côté Sales. C’est assez naturel. Il est également possible d’évoluer vers des desks de Trading. On peut également rester en Structuring mais en changeant de produits.
Qu’aimes-tu dans ton métier ?
J’aime beaucoup l’aspect technique, sachant qu’en plus, nous développons une certaine expertise dans notre classe d’actifs avec l’expérience. Nous travaillons donc sur des sujets de plus en plus poussés. En plus de cet aspect purement théorique, il faut comprendre comment implanter ce produit. Il y a vraiment un défi intellectuel.
J’ai également pris plaisir à développer l’aspect commercial de mon métier alors que c’était une chose que j’avais complètement sous-estimée en école. Il faut savoir transmettre ses résultats aux clients et lui expliquer en quoi le produit ou la stratégie va avoir un impact sur ses activités. Passer des semaines entières à concevoir un produit extrêmement pointu est pratiquement inutile si on ne peut pas l’expliquer.
3 Comments
[…] comme une licence MIASS. Cela va déboucher sur des métiers en Sales & Trading, en Structuring ou encore en gestion de portefeuille. Il y aussi quelques […]
[…] notion regroupe plusieurs métiers (Quant Risk, Quant Front …). Certains deviennent Trader ou Structureur car ces métiers requièrent une certaine technicité selon le produit […]
[…] Le Petit Analyste – Le M2MO (ex Laure Elie) dans L’Equity Derivatives Structuring […]