Vous voulez travailler à l’étranger en finance ? Londres vous ennuie et New York vous paraître trop loin ? C’est l’heure de traverser la frontière, direction l’Allemagne ! Bonne lecture.
Bonjour ! Merci d’avoir accepté l’interview. Quel est ton parcours ?
Après le baccalauréat, j’ai intégré une formation en finance dans une université parisienne avant d’entrer à l’ESSEC. J’ai effectué plusieurs stages en finance, dont un en M&A en boutique et un Summer Internship chez la Société Générale à Francfort.
La préparation en amont
As-tu postulé à un maximum de banques ou limité tes candidatures aux meilleures ?
Mon choix était plutôt opportuniste au vu des différentes contraintes qui pesaient sur moi. J’avais 3 mois de stage à faire pendant l’été avant de commencer mon cursus à l’étranger, en double diplôme. J’ai fait une croix sur la France car il est impossible de trouver un stage intéressant de 3 mois dans l’Hexagone. J’ai envisagé Londres mais il était déjà trop tard pour les candidatures. Les possibilités étaient donc restreintes.
Je suis tombé sur une offre 3 mois pendant l’été chez la Société Générale, à Francfort, dans leur équipe Investment Banking Healthcare. Cette dernière ne précisait pas que la maitrise de l’allemand était obligatoire. C’était une véritable aubaine car même si Francfort est un grand centre financier, la maîtrise de la langue de Goethe est en général nécessaire.
L’équipe Healthcare étant cosmopolite – on retrouve aussi bien des allemands que des italiens ou des espagnols – il n’était donc pas nécessaire de parler allemand. Ils s’occupent d’ailleurs de toutes les transactions du secteur en Europe, pas uniquement celles en Allemagne.
Quid du timing ?
J’ai postulé dès que j’ai vu l’offre, c’est à dire aux alentours de mi-février.
Comment t’y es-tu pris pour le networking ?
Je n’ai pas réellement networké en amont. J’ai contacté un ami qui avait effectué un stage à la Société Générale à Francfort. Il m’a donné le contact d’un Associate de l’équipe pour laquelle j’ai postulé. Je lui ai directement envoyé mon CV en parallèle de la candidature en ligne. En dehors de ça, je n’ai pas contacté d’autres personnes.
Honnêtement, je ne sais pas si ça a joué. Je pense que dans tous les cas, j’avais de bonnes chances d’être convié aux entretiens car j’avais une école cible sur le CV et de bons stages en M&A. En plus de ça, ils cherchaient un stagiaire français pour diversifier l’équipe.
Comment as-tu préparé les tests en ligne ?
Pas de préparation spéciale. J’avais déjà candidaté aux Summer Internships à Londres, je suis donc habitué aux tests en ligne. Ils se ressemblent beaucoup.
Il y avait un exercice de culture financière. Il fallait par exemple connaître le PDG de la Société Générale ou connaître les grands indices boursiers.
Une fois rappelé, quels étaient les différents entretiens ?
J’ai été rappelé environ 2 semaines après ma candidature. C’était plutôt rapide.
Premier tour
Le premier tour était un entretien téléphonique de 45 minutes avec un Analyste. Il y avait beaucoup de questions techniques et quelques questions de personnalité (fit). Les questions techniques étaient classiques : bridge, méthodes de valorisation … Cet entretien sert à faire un premier écrémage.
Demi-journée d’entretiens
Les Ressources Humaines m’ont ensuite rappelé. Elles voulaient savoir si je pouvais venir à Francfort pour une demi-journée d’entretiens. C’était impossible car j’étais en Asie et je ne pouvais pas me déplacer librement à cause de la pandémie. On m’aurait mis en quarantaine à mon arrivée et je ne sais pas si j’aurai pu rentrer. La banque m’a donc proposé de les passer via Skype.
Les entretiens ont duré environ 3 heures. C’était long, surtout avec le décalage horaire qui me faisait passer les entretiens en fin de soirée. Pendant ces entretiens, j’ai vu 2 Analystes, l’Associate à qui j’avais envoyé le CV et une RH. Là encore, il y avait environ 20% de questions de personnalité pour 80% de questions techniques. Je trouve que les entretiens sont plus complexes que ceux à Londres et du même niveau que ceux à Paris.
Heureux dénouement
Deux semaines après le dernier entretien … pas de nouvelles. On est mi-mars et la pandémie est à son plus haut en Europe. On me demande de les recontacter plus tard, ils n’ont pas de visibilité sur les recrutements. Je n’étais pas serein ! (Rires) C’était en plus ma seule piste, je n’avais aucun plan B.
J’ai finalement eu l’offre aux alentours de fin avril, début mai.
Le Summer Internship à la Société Générale à Francfort
Comment se déroule le Summer Internship chez la Société Générale à Francfort ?
L’Allemagne a été relativement épargnée par la pandémie. Cela m’a permis d’avoir une bonne expérience. J’ai eu par exemple très peu de télétravail et je ne portais pas de masque au bureau. La banque n’avait toutefois pas organisé de grands événements réunissant les banquiers de la Société Générale et les stagiaires. C’était donc semblable à un stage classique.
Quel était le profil des autres stagiaires ?
Malgré le fait que les stages de 3-4 mois soient assez courants en Allemagne, une banque française va forcément privilégier les VIE qui restent un à deux ans, ou les stages de 6 mois. C’est culturel et logique, une entreprise a davantage intérêts à garder un stagiaire plus longtemps. Il y avait une personne en VIE (volontariat international à l’étranger) dans mon équipe. Elle était italienne et venait de l’université Bocconi. Il y avait deux stagiaires dans l’équipe Real Estate : une française dans une école parisienne qui parlait couramment allemand et un suisse passé par l’université St. Gallen. Son prédécesseur avait un bachelor de l’université de Mannheim et un master de la London Business School. En ECM, il y avait un autre suisse de l’université de St. Gallen.
A quoi ressemble une journée de travail ?
C’était extrêmement intéressant de travailler dans une équipe Healthcare en pleine pandémie ! (Rires) Toutes les cartes sont rebattues, le marché a beaucoup bougé.
Francfort étant une grande place financière, j’ai eu l’opportunité de travailler avec de beaux fonds de Private Equity, comme KKR, Cinven, EQT, Apax ou encore CVC. L’équipe Healthcare de la Société Générale avait d’ailleurs conseillé ces derniers en 2019 pour l’acquisition de Universidad Alfonso X, en Espagne. En termes d’actifs, j’ai par exemple travaillé sur des regroupements d’EHPADS et de cliniques.
J’ai aussi eu la chance d’être sur l’exécution d’une transaction franco-française. J’étais donc présent à toutes les réunions hebdomadaires concernant le projet et participais aux réunions liées aux Due Diligences financières, fiscales, juridiques … Je devais ensuite faire un compte-rendu à mon équipe. J’étais donc au cœur du sujet. C’était super.
Quels étaient tes horaires ?
Le plus gros problème était que les stagiaires n’avaient pas le droit de rester après 22h, sauf situation exceptionnelle. Cela a 2 inconvénients. Tu peux parfois te retrouver moins impliqué sur une transaction du fait du couvre-feu. Tu ne peux pas non plus profiter des à-cotés, à savoir le dîner payé et le taxi. Tu travailles en général jusqu’à 22h en ayant faim, tu rentres chez toi en métro et tu dois cuisiner alors qu’il est tard. Ce n’est pas idéal.
On pouvait toutefois avoir des dérogations pour finir plus tard si nécessaire. J’ai donc souvent fini entre 1h et 2h du matin mais les week-ends étaient protégés.
Quid du salaire ?
Je gagnais un peu plus de 2000 euros bruts. Je payais mes impôts en France grâce à des conventions européennes. La fiscalité française est beaucoup plus avantageuse que la fiscalité allemande. Il n’y a pas d’avantage fiscal à être stagiaire là-bas, les prélèvements sont élevés. Il y a d’ailleurs une différence d’imposition entre stage obligatoire et facultatif.
En plus de ça, je n’étais resté que 3 mois ce qui m’a évité de payer certaines cotisations. Mais globalement, j’étais étonné par le niveau d’imposition en Allemagne.
La maîtrise de l’allemand est-il obligatoire pour travailler de l’autre côté du Rhin ?
Oui, il faut savoir parler allemand. Une amie en Summer Internship chez Rothschild parlait allemand au quotidien avec ses collègues. Même situation pour une autre amie chez Lincoln International à Francfort.
Je trouve que c’est normal de parler la langue du pays dans lequel tu travailles. C’est d’ailleurs pareil en France.
Ambiance et conseils
Comment décrirais-tu Francfort ?
Une ville agréable
Ces 3 mois en été étaient parfaits : rien de tel que de prendre une bière dans un biergarten au bord du Main sous un ciel bleu ! (Rires) Francfort est une ville vraiment agréable. Tout peut être fait à vélo et le coût de la vie est peu élevé, même si l’immobilier est un peu cher. C’est une ville familiale offrant pas mal de possibilités de carrière, surtout en finance. Environ un tiers de la population de Francfort travaille d’ailleurs dans le secteur.
Cela reste toutefois une petite ville et j’ai fait le tour assez vite. Je ne pense pas que j’y serai resté 6 mois, surtout en plein hiver avec la grisaille qui s’installe.
Quartiers à privilégier et éviter
Evitez à tout prix le quartier de Hauptbahnhof, qui est le quartier de la gare centrale. C’est malfamé. J’ai rarement vu autant de pauvreté alors que j’ai souvent voyagé. Il y a pas mal de prostitution et de trafic de drogue.
J’habitais dans le quartier Sachsenhausen. C’est un quartier festif et étudiant. Ça ressemble pas mal aux quartiers de la Bastille et de Mouffetard à Paris. Les quartiers Nordsend et Westend sont assez chics, avec une belle architecture. Le quartier d’affaires est plus petit que la Défense. Ça m’a surpris.
Y avait-il des événements organisés pendant le Summer Internship ?
COVID-19 oblige, la banque n’a malheureusement pas organisé d’événements. Je sais toutefois qu’il y avait habituellement une formation Bloomberg par exemple. Je sais aussi que la semaine de formation a lieu à la Défense normalement.
As-tu trouvé l’ambiance de travail en Allemagne différente de celle en France ?
Je trouve qu’il y avait moins d’afterworks entre collègues. Je ne sais pas si c’est inhérent à mon équipe ou à la culture allemande. J’ai également trouvé que les séniors (Vice President par exemple) travaillaient beaucoup malgré leurs années d’expérience.
L’expérience en Summer Internship chez la Société Générale se revend-elle bien ?
Oui, cela se revend bien. J’ai par la suite été recontacté par une banque américaine et une grande boutique M&A. Un stage à Francfort est cohérent car c’est une grande place financière.
Malgré ce que l’on peut lire sur la Société Générale ces derniers temps, la banque d’affaires reste une solide institution. Leur nombre d’alumni est impressionnant. Il y a des chances non négligeables de croiser un ancien de la banque pendant votre carrière. Tu développes ainsi ton réseau.
Le mot de la fin : quels conseils aurais-tu à donner à quelqu’un voulant travailler en M&A ?
Si vous voulez travailler en M&A, allez-y progressivement. Construisez-vous un CV solide étape par étape. Etablissez une vraie stratégie de stages. Vous n’allez pas être rappelé en M&A si vous n’avez aucune expérience, même en sortant d’HEC ou de l’ESSEC. L’école vous donnera un coup de pouce mais les expériences professionnelles sont primordiales.
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