Le Petit Analyste vous présente aujourd’hui l’Equity Research. Excellente lecture !
Bonjour et merci d’avoir accepté l’interview ! Quel est ton parcours ?
Après un baccalauréat scientifique, j’ai suivi trois années de classe préparatoire avec l’ambition d’intégrer Saint-Cyr. Je me suis réorienté en classe préparatoire ECE, avant de finalement intégrer le programme Grande École de Kedge Business School. Passionné par les mathématiques, l’économie et l’actualité, j’ai naturellement choisi de m’orienter vers la finance.
À la fin de la troisième année, j’ai effectué un stage de trois mois chez un broker, où j’étais en charge de la rédaction de la newsletter quotidienne, appelée morning, et de la prospection commerciale. En première année de Master, j’ai eu l’opportunité de réaliser ma première partie de césure au sein de l’équipe Risk sur les actifs non cotés dans un fonds d’investissement français. Cette expérience a été très enrichissante, notamment grâce aux nombreux échanges avec des professionnels. Cependant, le secteur du non coté ne correspondait pas à mes aspirations, car je souhaitais évoluer sur les marchés financiers.
J’ai donc effectué ma deuxième partie de césure en tant qu’Assistant Gérant Actions, côté buy-side. J’ai énormément appris auprès de mon maître de stage, un ancien banquier d’affaires. Il m’a rapidement confié un portefeuille d’entreprises à analyser. J’ai également eu l’opportunité d’être à ses côtés lors des réunions avec les clients.
De retour à l’école, mon objectif était clair : rejoindre le buy side. J’ai effectué un stage similaire dans une autre entité française, cette fois-ci en couvrant les entreprises américaines. Ce stage a ensuite été converti en alternance, toujours en tant qu’Assistant Gérant.
Durant cette année d’alternance, j’ai pris conscience qu’il était très difficile pour un junior d’accéder directement à un poste de gérant en sortie d’études. J’ai donc décidé de postuler en sell side, et plus précisément en Equity Research car ce métier proposait tout ce que je cherchais dans un premier emploi, à savoir l’analyse financière, la compréhension de l’impact des événements politiques, géopolitiques et économiques sur les entreprises et la possibilité de défendre sa thèse d’investissement.
Je travaille désormais en Equity Research, spécialisé sur les entreprises small et midcap françaises.
Présentation de l’Equity Research
Qu’est-ce que l’Equity Research ?
Un professionnel de l’Equity Research est chargé de suivre un portefeuille d’entreprises appartenant à un secteur spécifique, tels que la santé, l’industrie pétrolière ou l’hôtellerie. Son rôle consiste à analyser ces entreprises en profondeur afin d’émettre des recommandations d’achat ou de vente à destination de ses clients, principalement des sociétés de gestion, des fonds d’investissement ou des hedge funds.
Quels sont les grands acteurs ?
À Paris, le segment des small et midcaps est dominé par plusieurs acteurs spécialisés, parmi lesquels Gilbert Dupont (filiale de Société Générale), TP ICAP Midcap, Portzamparc (appartenant à BNP Paribas) et Euroland.
Pour les entreprises large caps, toutes les grandes banques d’investissement disposent d’équipes d’Equity Research, de Goldman Sachs à Barclays, en passant par Citi et Morgan Stanley. Parmi les acteurs indépendants, on retrouve également Kepler Cheuvreux, Oddo, ainsi qu’AllianceBernstein, qui a créé début 2024 une joint-venture avec Société Générale, et Bryan, Garnier & Co, récemment acquis par Stifel.
Comment sont rémunérés les services d’une équipe d’Equity Research ?
La principale source de rémunération provient des abonnements souscrits par les clients, qui leur permettent d’accéder aux analyses produites par l’équipe de recherche.
Une autre méthode, moins courante, est la recherche sponsorisée. Dans ce cas, l’émetteur rémunère l’entreprise pour la rédaction d’un article à son sujet. Cette pratique tend cependant à disparaitre chez les grands acteurs de l’Equity Research.
Travailler en Equity Research
Quelles expériences sont valorisées pour entrer dans ce milieu ?
Toutes les expériences impliquant de l’analyse financière sont les bienvenues, qu’il s’agisse d’audit, de M&A, de Private Equity ou encore de Transaction Services. Il est essentiel de maîtriser les interactions entre les trois états financiers.
Il est également possible d’intégrer une équipe d’Equity Research après un stage en tant qu’Assistant Gérant Actions.
Quelles sont les notions à connaître en entretien ?
Il est essentiel de bien comprendre les différents états financiers, d’identifier leurs éléments clés et leurs interactions. Il est également nécessaire de connaître les différentes méthodes de valorisation.
Les entretiens incluent souvent une étude de cas. Les recruteurs vous laissent en général plusieurs jours pour présenter une entreprise que vous aurez choisie.
Pour structurer votre présentation, commencez par décrire l’entreprise, comme ses divisions, la croissance de chaque segment, le secteur dans lequel elle évolue et ses principaux concurrents. Ensuite, identifiez une idée d’investissement. Vous pouvez par exemple recommander l’achat si l’entreprise affiche des parts de marché supérieures à celles de ses concurrents ou une meilleure profitabilité.
Poursuivez en calculant sa valorisation et en déterminant un prix cible par action. Vous pouvez, par exemple, conclure que vous recommandez l’achat avec un objectif de 24 euros par action. Enfin, terminez votre présentation en mettant en avant vos principaux arguments pour appuyer votre recommandation.
Le CFA est-il un passage obligé ?
C’est un véritable atout, en particulier auprès des recruteurs anglo-saxons. Cependant, cela demande une organisation rigoureuse pour concilier efficacement le travail, la vie personnelle et la préparation du CFA.
À quelle fourchette de salaire peut-on s’attendre en tant que junior ?
Les salaires varient en fonction de la taille et de la réputation de l’employeur. Les grandes banques d’investissement à Londres offrent généralement une rémunération plus élevée que les structures spécialisées en small et midcaps à Paris.
En France, un jeune diplômé peut s’attendre à un salaire fixe compris entre 40 000 et 60 000 euros par an. À titre de comparaison, en Equity Research dans les banques d’affaires à Londres, le salaire fixe en première année est autour de 70 000 livres.
À cela s’ajoute une part variable, qui dépend de la performance individuelle, de celle de l’entreprise et de sa notoriété. Si la rémunération totale reste inférieure à celle proposée en M&A ou en Private Equity, elle demeure néanmoins compétitive.
Le quotidien en Equity Research
À quoi ressemble ton quotidien ?
Le quotidien en Equity Research est rythmé par les publications des résultats des entreprises, qui nécessitent la rédaction de notes d’analyse. Les équipes arrivent tôt, vers 7 h, ce qui permet de finaliser une note en cours ou de passer en revue les derniers articles et actualités liés à son secteur.
Chaque matin vers 8 h, une réunion a lieu avec les Sales, au cours de laquelle les analystes présentent leurs publications. Les Sales utilisent ensuite ces analyses pour échanger avec les clients. Tout au long de la journée, les analystes peuvent recevoir des questions de clients et ainsi échanger avec ces derniers. En plus des notes d’analyse, nous rédigeons régulièrement des études approfondies sur des idées d’investissement.
L’interaction avec les entreprises est également essentielle. Sur le segment des small et midcaps, les analystes ont souvent l’opportunité d’échanger directement avec le PDG ou le directeur financier, tandis que pour les grandes entreprises, les discussions passent généralement par les équipes d’Investor Relations. Ces échanges sont précieux car ils permettent d’ajuster les modèles financiers, de mieux comprendre leur stratégie et les tendances actuelles et ainsi d’affiner nos recommandations.
Quid du rythme de travail ?
En moyenne, je dirai que nous travaillons entre 60 et 80 heures par semaine.
Comment est organisée une équipe d’Equity Research ?
À la tête de l’équipe se trouve le responsable, qui gère son propre portefeuille d’entreprises et relit toutes les analyses rédigées par les autres membres. Juste en dessous, on trouve les différents analystes, chacun spécialisé dans un ou plusieurs secteurs.
Évolution et débouchés
Quels sont les perspectives d’évolution et débouchés ?
Il est possible d’évoluer en interne pour devenir responsable de l’activité Equity Research. En externe, plusieurs options s’offrent aux analystes, comme rejoindre un broker plus important et mieux réputé, intégrer les équipes d’Investor Relations ou la direction financière d’une entreprise opérant dans le secteur que nous couvrons. Une autre possibilité consiste à passer du côté buy-side, en travaillant chez un client en tant que gérant actions.
Qu’aimes-tu dans ton métier ?
C’est un métier très stimulant, avec un aspect social important, car il implique des échanges réguliers avec les Sales, les clients et le management des entreprises couvertes. J’apprécie particulièrement d’être au cœur des marchés financiers et de devoir constamment être à jour sur l’actualité. Il est aussi essentiel de bien comprendre l’entreprise et le marché dans lequel elle évolue. Il ne suffit pas de remplir des tableaux sur Excel ; c’est un métier complet qui demande une analyse approfondie et une vision stratégique et à long terme des secteurs couverts.
Merci à toi !